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jeudi 7 octobre 2010

Voltaire contrebandier (annexe 3)




Voltaire et le jeu d'échecs

Voltaire était un mauvais joueur d’échecs, dans tous les sens de l’expression : il perdait souvent et n’aimait pas perdre. On se souvient qu’il se demandait comment aborder Maupeou lors de son affaire de contrebande. Il n’avait rencontré le chancelier qu’une fois, à l’occasion d’une partie d’échecs. Vu sa façon de jouer, il valait mieux oublier ce souvenir.

Les informations qui suivent sont tirées d’un article de Bernard Lucas.

Sa brouille avec le roi de Prusse et le rejet de Louis XV le conduisent à 59 ans, d'octobre 1753 à novembre 1754 à Colmar dont il donne cette jolie définition : petite ville dévote, remplie de tracasseries, où tout le monde se confesse, tout le monde se déteste"... ». Sa seule distraction est de jouer aux échecs avec un employé du gouvernement à la fabrication des cartes à jouer.

« une vilaine maison dans une vilaine petite ville ».Lettre à d’Argental du 29 octobre 1754.
Voltaire vécut avec Mme Denis, au rez de chaussée de cette maison, là où les grilles en fer forgé ont été conservées.

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Mai 1760, Voltaire a fait reconstruire le château de Ferney et commence à recevoir. Marmontel en visite à Ferney raconte : "Gaulard poliment joue aux échecs avec Voltaire qui adore ce jeu, mais a horreur de perdre. Gaulard sait perdre, aussi Voltaire le trouve t-il plein de qualités."

Voltaire recueille la nièce de Corneille qui écrit  le 24 décembre 1761: "Ces jours derniers, plusieurs visiteurs sont arrivés : monsieur l'abbé Coyer qui fait sa partie d'échecs avec l'oncle (Voltaire), ce dont le père Adam enrage, disant qu'on le supplante dans la fonction essentielle de sa charge."

Voici ce que Voltaire écrit de ce père Adam le 12 février 1764:  "J'oubliais de vous dire que nous avons un jésuite qui nous dit la messe très proprement ; enfin, c'est un jésuite dont un philosophe s'accommoderait". Il ajoute sur les échecs : "Je les aime, je me passionne et le père Adam qui est une bête m'y gagne sans cesse, sans pitié ! Tout a des bornes ! Pourquoi suis-je, aux échecs et pour lui, le dernier des hommes ? Tout a des bornes..."

Quand la partie s'annonçait mal pour lui, Voltaire se mettait à chanter une sorte de "tourloutoutou" que le père Adam écoutait comme un affreux présage. Plus d'une fois, on vit le père s'enfuir en courant, bombardé par les pièces du jeu qui s'accrochaient dans sa perruque. Parfois, poursuivi par la canne, il se cache dans un placard. L'orage s'apaisait vite. Voltaire demandait: "Adam, ubi es ?" Adam réapparaissait, on lui avait pardonné son involontaire victoire.

Voltaire a un familier genevois depuis son installation à Ferney; le peintre Huber.

Huber a croqué la vie quotidienne de Voltaire dans de merveilleux tableaux que j’ai largement reproduits.

Huber faisant le portrait de Voltaire par Huber.

 La princesse Daschoff, dame d'honneur de Catherine II de passage à Genève en 1771 écrit dans ses mémoires: "Huber et Voltaire combattaient souvent aux échecs. Voltaire perdait toujours, et dans ces occasions, il ne manquait jamais de laisser éclater sa mauvaise humeur."

Un tableau d'Huber se trouve au musée de l'Ermitage à Saint Petersbourg: "Voltaire jouant aux échecs avec le père Adam".  Une estime réciproque a réuni Voltaire et le père Adam en plus du jeu d'échecs. Quand Voltaire part à Paris en 1778, le père Adam, 72 ans est congédié par Mme Denis après 17 ans de services, Voltaire lui verse une pension de 700 livres.

 
Voltaire jouant aux échecs avec le père Adam. Tableau de Huber.

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