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dimanche 14 novembre 2010

Brève histoire d'amour (suite)

Me voici de retour, après 3 semaines d'absence, et qu'elle n'est pas ma surprise de me faire accueillir à nouveau par ce couple de criquets dont j'avais publié fin octobre "la Brève histoire d'amour". Il est encore en pleine en action, si l'on peut désigner par cette expression consacrée un accouplement aussi immobile.



Jusqu'à présent, j'avais plutôt l'habitude de déranger par mon arrivée un timide margouillat caché sous la lampe d'entrée ou derrière un volet. Ces temps-ci, pas de margouillat visible mais mes criquets. Est-ce que ce sont les mêmes ? j'ai beau les scruter de très près, je ne suis pas capable d'identifier des personnalités clairement individualisées dans l'univers des criquets. Et vous ?


Petit changement cette fois-ci, qui ne suffirait pas, cependant, à justifier que je donne une suite à leurs aventures bien répétitives : ils ne sont plus agrippés sur la barrière de bois qui ferme la terrasse mais juchés en plein soleil sur le muret de l'escalier extérieur. La raison de ce retour de mes criquets sous les projecteurs de l'actualité, c'est précisément que ni projecteurs ni flashes ne sont nécessaires  pour les portraiturer. Les voici dans toute leur splendeur d'insectes, oh vous mes lointains cousins !


Comment se fait-il que je les retrouve dans la même situation à 3 semaines d'intervalle ? Seraient-ils exhibitionnistes ? Je ne le crois pas,  même s'ils m'évoquent ce film de Bunuel, le Fantôme de la liberté, où les convives discutent gravement, assis sur des toilettes rangées en cercle autour d'une table mais se cachent dans un petit cabinet fermé pour manger. Mes criquets font de même : impossible de les localiser lorsqu'ils vaquent à leurs occupations. Ils n'apparaissent au grand jour que lors de leurs accouplements.

Exhibitionnistes mes criquets ? Non, leur curieux comportement a d'autres explications que la perversité : ma présence les gênent (et les inquiètent aussi, sans doute) et très lentement, la femelle se dirige, avec son lourd fardeau, vers l'abri du mimosa.
 


Au passage, j'admire leurs formidables articulations qui font penser à des bielles de machine à vapeur.


Ils descendent un peu sur le mur vertical pour gagner l'abri du feuillage.

 Les voici bien cachés dans la pénombre des feuilles du mimosa qui s'est déjà couvert des innombrables bourgeons qui exploseront en février/mars  et dont on devine le futur jaune éclatant.



J'ai lu quelque part que le mimosa, originaire d'Australie, fleurirait en hiver car il aurait gardé, lors de sa migration, son horloge biologique calée sur les saisons de sa terre d'origine. Je ne sais pas si l'histoire est véridique mais il me plait de penser que cet arbuste, symbole de la Côte d'Azur qu'il a colonisée, lui l'étranger dans cette terre  peu ouverte à l'autre, même lorsqu'il ne vient que de l'autre côté de la Méditerranée, a refusé de s'assimiler. Il a compris qu'il devait garder son originalité exotique s'il voulait qu'on le remarque et qu'on l'apprécie. Que serait le mimosa perdu dans la munificence du printemps ou de l'été ?


Photos prises début mars de cette année

Je laisse enfin mes amoureux tranquilles, feignant de ne pas voir que leur cachette n'est pas très profonde. Certes, ils sont pratiquement invisibles depuis le haut, mais ils sont totalement à découvert de profil.


Je reviens une heure plus tard. Ils sont revenus sur le dessus du mur, toujours étroitement enlacés.



 A cette distance et à ce grossissement (la femelle doit mesurer 5/6 centimètres), il n'est pas possible d'obtenir que la tête du mâle et de la femelle soient nets à la fois. D'où les 2 photos.


Ma survenue a le même résultat que précédemment : Ils repartent se réfugier sous le couvert du mimosa. Encore une séance de pose involontaire pour eux. Encore un faux départ pour moi.

Encore un retour du photographe, une heure plus tard. Cette fois, ils ont disparu. Je les cherche alentour. Ils se sont volatilisés, ce qui est sans doute le mot juste, car ils ont dû sauter au loin dans un gigantesque bond de leurs immenses pattes arrière.

Je ne saurai pas exactement combien de temps aura duré  leur "histoire d'amour". Au moins 3 heures, pour ce que j'en ai vu. Pas mal, non ?

Aujourd'hui, les montagnes sont encapuchonnées de brume. Parti le soleil et partis les criquets. Plongeons-nous, comme cette abeille, dans le jaune moelleux du mimosa. Encore 3 mois, et il sera ainsi.


Toutes les photos, à l'exclusion de celles du mimosa, ont été prises le 12 novembre 2010.

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