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mardi 22 février 2011

Un amour de perruches

Depuis 3 ou 4 ans, toute une colonie de perruches à collier s'est installée dans les platanes qui bordent la pièce d'eau. Les avis divergent sur les raisons de leur venue. Selon l'explication la plus répandue,  elles se seraient échappées d'une cage éventrée à Orly. Une chose est certaine : elles sont là et bien là. Les riverains de la pièce d'eau se plaignent de leurs piaillements stridents ; surtout, elles chasseraient les mésanges et autres passereaux, bien plus petits que ces oiseaux d'une quarantaine de centimètres, plutôt agressifs. Seuls les corbeaux, les pigeons ramiers ne se laissent pas trop impressionner. Quelquefois, j'aperçois aussi des étourneaux sansonnets qui leur tiennent tête.  




Pour l'essentiel, elles font la loi autour de l'étang. Parfois, elles viennent jusqu'au dessus de chez moi de leur vol vif et rectiligne, mais elles ne font que passer.

Photo prise en juillet 2005
Le couple de cygnes et ses petits ont disparu depuis.

Le plus étonnant dans toute cette histoire, c'est que ces oiseaux des Tropiques (je ne suis pas capable de distinguer leur provenance : Asie ou Afrique ? ; les différences sont, semble-t-il assez minimes) résistent à des hivers redevenus plutôt rigoureux depuis quelques années : 2 ou 3 chutes de neige par an, des gelées qui durent plus d'une semaine. Malgré cela, leur population semble s'accroître. De plus, notre parc n'est pas le seul à en héberger l'année durant : j'en ai vu dans d'autres endroits à plus de 10 kms d'ici. 

février 2010.

Elles se plaisent particulièrement dans les grands platanes de la pièce d'eau. Elles y trouvent de hautes fûtaies suffisamment élevées et suffisamment aérées et surtout de nombreuses cavités où accueillir leurs nichées. Je n'ai pas encore assisté à la sortie des petits. J'espère bien y arriver cette année.



Les cavités de l'arbre sont soigneusement polies pour que l'entrée et la sortie soient commodes, aujourd'hui pour les parents, demain pour les petits.






Pour l'heure, ce n'est pas le moment des naissances mais celui de la conception de ces futurs oisillons. Les couples s'assemblent un peu partout et il n'est pas difficile d'assister à la mise en route des chers petits. Je n'ai pas une prédilection particulière pour ce genre de scène, ni chez les perruches, ni chez d'autres volatiles. Si je reste des heures au pied des platanes, c'est surtout pour tenter de surprendre  les perruches en vol. Le spectacle qu'elles offrent sans pratiquement d'interruption  est magnifique. De notre point de vue de terrien condamné à rester cloué au sol,  on découvre le superbe éventail de leurs plumes jaunes, habituellement cachées à la vue.  Pour peu que le soleil les éclaire en contrejour, la vue est féérique.








 un peu plus et elle sortait du cadre ! Quant à la netteté, elle n'est pas parfaite
mais l'attitude est amusante.

Quand elles grimpent en vrille ou amorcent un virage, elles exhibent le dessus de leur plumage  en un arc de cercle audacieux ; les nuances de leur plumes complétement déployées vont du vert au bleu pétrole. Seul problème : elles sont terriblement rapides et imprévisibles et à ces distances, avec un téléobjectif puissant, la mise au point est très délicate. La plus petite erreur et c'est un flou rédhibitoire. Je collectionne les photos floues ou celles dont on peut se demander à juste titre ce que je voulais photographier : le bel oiseau était déjà sorti du cadre. Je suis donc loin d'avoir fini mon entrainement.





Il faut dire toutefois que je suis sensible, dans de nombreuses espèces, à la beauté sauvage de la parade préliminaire. Mais ce qui suit enlève généralement de la poésie et de la grâce à ces danses rituelles de séduction. Le contraste entre la frénésie du mâle et la passivité soumise de la femelle qui, au final, s'ébroue heureuse que ce soit fini, l'indifférence qui s'en suit entre 2 partenaires, si proches  il y a quelques secondes,  comme s'il ne s'était rien passé, tout ceci renvoie une image peu sympathique de l'amour dont on aimerait bien penser qu'elle est propre aux animaux.

Mais peut-être ne savons-nous pas voir ? En ce début d'après-midi, une des rares journées ensoleillées de ce foutu mois de février, j'ai pu assister à une scène d'amour qui m'a fait changer d'avis sur ces volatiles que je trouvais jusque-là, magnifiques, mais peu sympathiques.

Après une longue séance de photos sur le grand étang d'à côté (cf. mon précédent article : Barefoot Hivernal), je ne comptais pas m'arrêter sous les platanes quand, regardant malgré moi en l'air, j'aperçus la perruche jaune. La perruche, et non une perruche jaune, car elle est la seule et l'unique :elle est naturellement la vedette admirée de tous. Comme la star qu'elle est, elle n'est pas souvent visible. Quand elle se laisse entrevoir, il faut saisir sa chance. Aussi, bien qu'elle me tournât le dos, je la pris en photo comme un paparazzi qui ne sait s'il aura une meilleure occasion.



Puis, la chance décidément me souriait ce jour-là :  avant  de décoller mon oeil de l'appareil, j'aperçois un mâle qui vient se poser non loin d'elle. Je fais le malin en disant "un mâle". Les mâles se distinguent, parait-il par leur mince collier de couleur rouge. J'ai observé quelquefois ce collier qui donnent son nom à cette espèce de perruches, mais, la plupart du temps il est invisible.

 Il faut faire attention pour voir le collier rouge.

 Sans le collier, on pourrait inverser le sexe de ces 2 individus.

J'infère donc son genre de ce qui va suivre et qui ne laisse pas de doute. Mon couple mixte a cet avantage : je ne risque pas de confondre les 2 protagonistes : le mâle est banalement vert, la femelle délicieusement jaune. C'est autrement plus facile que d'habitude lorsqu'il faut faire très attention pour ne pas confondre 2 amants qui paraissent strictement identiques (là encore, la femelle est parait-il un peut plus petite, sa queue un  peu moins longue. Malheureusement, tout est dans le "peu" et je n'arrive pas à les distinguer par ce seul caractère).

Le mâle agit qomme tous les mâles dans ce genre de situation somme toute très classique. Il se rapproche doucement pour ne pas effrayer.




Il fait le beau pour se faire remarquer.


Mine de rien, il saute sur la branche où se tient la femelle, toujours insensible à son charme. Si vous cliquez sur la photo vous le verrez la regarder par en-dessous.


Il continue de se rapprocher, avec beaucoup de prudence ou de respect, comme on voudra. Notre perruche jaune tourne la tête ostensiblement.


Enfin, il a réussi à attirer son attention mais toute son attitude respire la modestie et la soumission à sa belle.




Les voici côte à côte. Le mâle abandonne progressivement sa position soumise tandis que la femelle s'arque peu à peu, indiquant ainsi son approbation pour ce qui va suivre.




Son attitude ne semble pas agressive mais plutôt protectrice ; elle, se tourne vers lui.


A partir de là, la scène se passe de commentaires. Tantôt le mâle se penche sur elle , tantôt il se redresse en un moderne Horus.







Puis, brusquement, sans que je n'ai rien vu venir, les voici séparés. Comme je m'y attendais, la femelle s'ébroue pour remettre ses plumes en ordre et chacun reste dans son coin , se livrant à des occupations toutes personnelles.


La femelle prend une pose bien féminine, toute en souplesse et, illusion ou non, le mâle semble la regarder du coin de l'oeil.

Je ne sais pas pour quelle raison j'ai continué à observer notre couple au travers de mon objectif. L'affaire était normalement close. Peut-être espérais-je pouvoir saisir leur envol qui n'était plus qu'une question de secondes.

Mais, non, j'avais eu raison d'attendre. Il y avait une suite. Ce n'est pas ce que certains imaginent sans doute, un bis repetita. Non, nous ne sommes pas en présence d'un mâle insatiable mais d'un mâle tendre et attentionné. S'il s'est éloigné quelques instants, ce n'est pas par indifférence ou dégoût, mais pour permettre à sa femelle de remettre de l'ordre dans sa tenue. Il ne la précipite pas. Et puis, la toilette finie, le voilà à nouveau tout près.




Alors s'ouvre une nouvelle séquence. Il faudrait sans doute être perruche pour comprendre ce que le mâle fait à sa femelle mais une chose est certaine, elle apprécie, elle ne cherche pas à se soustraire à cette curieuse caresse où il plonge son bec dans le sien et frotte sa tête contre la sienne. S'agit-il d'une forme d'épouillage ou de tout autre chose ? L'étonnant, c'est qu'il s'agit apparemment d'un acte gratuit, selon la logique masculine, puisque c'est "après".











Avouez qu'il est difficile d'imaginer quelque chose de plus tendre. Comment l'expliquer ? Faut-il d'ailleurs l'expliquer ? Je n'ai pas encore vu de comportements aussi élaborés chez d'autres membres de la colonie. Faut-il y voir la marque d'un couple mixte qui doit manifester plus d'affection que d'autres, car les risques de friction y seraient, sans cela, plus aigus ? Ou bien la marque d'une femelle exceptionnelle qui a su civiliser son mâle, une femelle libre, qui s'envole vers son nid ou peut-être même ailleurs ?



4 commentaires:

  1. Merci,merci merci pour ces photos magnifiques agrémentées d'un texte tout aussi interessant.
    Un pur bonheur

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    1. top
      il y a aussi des grises et des verte olive en liberte a massy palaiseau dortoir rue d alger ds les cite
      a algeril y en a beaucoup aussi ds le jardin d essaie ficus

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  2. le vol est tres rapide un des plus beau au monde la hauteur quand il traverse la ville d alger incroyablej adore cet oiseaux

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  3. Bonjour tout d'abord bravo pour vos superbes photos.

    Nous sommes le 17 septembre 2013 et habitons dans la résidence de Villiers à Draveil depuis 2010 et depuis cette époque tous les étés les peruches viennent se percher dans les arbres de la résidence juste en face de nos fenêtres.

    Ce matin à 8h15 en accompagnant ma fille à l'école, au moins une trentaine d'entre elles on fait un petit vol plané aller-retour au dessus de nos tête à peine plus haut que les antennes sur les toits (les batiments où nous sommes ne font qu'un étage) de ce fait dans le groupe nous avons pu constater qu'une seule perruche était jaune parmi tout le vert...

    Encore merci pour ces superbes photos et les commentaires très intéressants.

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