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lundi 13 juin 2011

Eux aussi sont nés à Annecy. 3ème et dernière partie.

Je termine aujourd'hui ma revue de la charmante et bruyante tribu de la roselière du Petit Port d'Annecy par les grèbes huppées. Normal qu'elles passent en dernier, elles sont en retard. Alors que plusieurs individus de la nouvelle génération des foulques sont presque adultes, les grèbes en sont encore à la recherche de leur partenaire.



La parade nuptiale chez les grèbes prend des formes diverses. L'approche de la femelle se fait parfois en douceur ; certains penseront avec hypocrisie. La femelle dort ou fait semblant de dormir comme une bourgeoise catholique du XIXème siècle qui cherche à espacer les grossesse par ce subterfuge désespéré.



En fait, notre mâle s'était lancé, juste avant, dans une démonstration de vitalité masculine particulièrement démonstrative.






Pas étonnant donc, qu'elle lui fasse un accueil plutôt chaleureux : il ne s'est pas moqué d'elle ; il ne vient pas comme un goujat s'emparer de sa belle sans avoir accompli quelque exploit au préalable.


Puis, ils se retirent tous les 2 de la scène pour gagner l'abri des roseaux, pendant que d'autres en sont encore à rêver de leur future belle. Ils s'esquivent discrètement, leur natation aile contre elle étant la version "grèbe huppée" de la montée de l'escalier. Ils souhaitent tellement peu se faire remarquer que peut-être vous ne les avez pas vus en bas de l'image.


Même s'il semble évident qu'il forme déjà un couple d'accord sur la suite des opérations, la parade n'est pas terminée. Elle se poursuit dans la relative intimité qu'offre la lisière des roseaux.







 Je suis repéré.



Les choses semblent bien engagées. Retirons-nous. Pas question de se conduire en voyeur, comme ce moineau qui ne perd rien de la scène.


Vous vous souvenez peut-être de ce mâle solitaire qui semblait rechercher une compagne pendant que le couple que nous observions regagnait, main dans la main, si j'ose dire, l'abri de la roselière. Voici à nouveau la scène :


Son attente ne sera pas bien longue. Il vient de repérer une femelle qui semble, elle aussi, en quête de compagnon. Brusque virage sur l'aile, direction jeune compagne.


 Le changement a été trop brusque. Je ne suis pas un mâle grèbe et je n'avais pas vu la femelle approcher. On n'aperçoit donc que le bout de son charmant museau.


La rotation de la tête est une des figures obligées de la parade nuptiale.






Est-ce une nouvelle manifestation de mon machisme invétéré, il me semble retrouver la symbolique de toute parade : le mâle témoigne sa soumission, il se fait plus petit que la femelle. Celle-ci se redresse, le domine, avant de s'incliner devant lui, dans une attitude que j'imagine tendre chez elle, protectrice, chez lui. Tout ceci, bien sûr, ne dit rien sur le sens d'une domination réelle. La symbolique sexuelle n'est qu'une symbolique qui mime, par avance, l'accouplement. Il serait absurde d'en tirer une quelconque conclusion sur "qui commande" ou "qui doit commander". Pas plus que chez les humains, la vie sociale ne se déduit de l'ordre sexuel qui a ses règles, valables seulement dans son espace limité. Ce qu'oublient nombre de mâles humains, notamment dans l'univers professionnel.

Puisque je suis parti pour interpréter à tout va, je continue : ces 2 jeunes foulques qui nagent juste à côté de la scène, semblent mimer eux aussi le même ballet. Je vous concède que ce n'est guère plausible, mais le rapprochement m'amuse.






Dans d'autres cas, est-ce le fait des individus avec leur tempérament spécifique ou bien faut-il y voir un stade moins avancé de la parade nuptiale, le rapprochement des 2 protagonistes est autrement violent.



Il a vu quelque chose et part à toute allure.


Puis il m'aperçoit et freine brutalement.


Je n'ai pas l'air dangereux car, contrairement à lui je cherche à ne pas bouger. Il repart donc en me surveillant du coin de l'oeil.



Le voici lancé en pleine vitesse. Il fonce tel un hors-bord, son toupet aplati par le vent de la vitesse.



Décidément, je gêne encore. Mais il m'oublie vite. Je le comprends.




Ici s'achève mon récit de la parade nuptiale des grèbes huppées. Je regrette de ne pouvoir revenir observer les petits grèbes dont je ne sais à quoi ils ressemblent. Ce sera une autre fois. Je saurai peut-être alors le nom de cet oiseau que mes amis ornithologues me dévoileront. Je lui laisse le dernier mot, le dernier chant.


1 commentaire:

  1. ton reportage est tres joli :-) moi aussi je m'interesse a la parade nuptiale des grebes j'y vais tous les jours avec mon appareil photo :-) elles me captivent

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