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samedi 18 juin 2011

Un papillon, ça trompe énormément.

Pas de grands espaces, pas de bivouac en montagne cette fois-ci mais un voyage bien plus étriqué ; non pas, tout de même,  un "voyage autour de ma chambre", mais un voyage autour de mon jardin. En quelques jours, les papillons se sont multipliés. Certains sont encore à l'état de chenilles, comme celle-ci découverte en plein égarement sur le plafond de ma terrasse avec lequel elle se confond.


Les papillons, eux, sont en pleine action au dessus d'une touffe de lavande en fleurs (d'autres sont encore à l'état de bourgeon) et leur nombre semble augmenter d'heure en heure.


 Il y a bien d'autres fleurs, roses, lauriers (roses ou rouges), genêts, ou même lys. Non, rien ne les intéresse en dehors de la lavande et de sa multitude de petites fleurs parfumées.



Lorsque je vérifie ma 1ère photo de papillon  sur l'écran de mon reflex, je suis déçu par la présence d'un filament qui semble partir de la plante pour venir se superposer à la tête de mon papillon. Je n'avais pas vu dans mon viseur cet élément perturbateur, sans quoi j'aurais changé de point de vue.


En fait, ne s'agit pas, bien sûr, d'un filament végétal mais de la trompe du papillon. C'est vous dire mon ignorance totale de la morphologie des papillons. J'avais déjà "découvert", si l'on me permet ce mot pompeux, pour ce que tout le monde sait, que les abeilles ou les bourdons, souvent photographiés sur le romarin ou le mimosa, avaient une trompe repliable. Sinon, comment butiner au fond des fleurs, même s'ils plongeaient dans leur corolle au point d'en sortir tout barbouillés de pollen.

Ainsi, cette abeille charbonnière sur un massif de romarin.

On voit bien entre ses pattes et ses antennes ( à condition de cliquer sur la photo) sa trompe rigide bien fichée dans la fleur de romarin.

Lorsqu'elle re-décolle, elle a replié sa trompe, comme un train d'atterrissage. Elle emporte, par la même occasion, les étamines de la fleur qui se sont collées sur sa tête.



J'aurais dû m'interroger a fortiori sur la façon dont les papillons butinaient puisque leur tête reste toujours à distance de la fleur. Peut-être imaginais-je qu'ils se contentaient de sautiller avec allégresse de fleurs en fleurs et que cela suffisait à leur bonheur (et à leur appétit) ? Pour tout dire, je ne me posais aucune question à ce sujet, me contentant d'admirer  leur ballet frénétique. Quel bonheur d'apprendre encore à mon âge des choses aussi simples, des comportements aussi proches !

Jusqu'à présent, je m'étais intéressé à la beauté des couleurs des papillons. C'est le matin, quand ils sont engourdis par le froid, qu'ils peuvent être facilement photographiés. Ils étalent leurs ailes au soleil pour se réchauffer. Ne butinant pas, ils n'ont pas besoin de sortir leur trompe. Ce papillon photographié en mai de l'année dernière cachait bien cet appendice.



Aujourd'hui, à la mi-juin, en fin de matinée, mes papillons sont à l'ouvrage. Autant d'espèces et autant de types de trompe.

On notera le bout coloré de son antenne. Les antennes sont les organes olfactifs des papillons (ma science est toute fraîche et, comme tout néophyte, je veux la partager !). Éloignées de la tête, bien écartées, elles leur offrent un paysage olfactif en stéréo, susceptible de les orienter rapidement vers les sources de pollen.







Sur ce grand papillon, la trompe est presque rectiligne.



En agrandissant l'image on peut voir la structure de la trompe : le canal d'aspiration est entouré de 2 nervures qui assurent sa grande mobilité.

C'est ce tout petit papillon qui, en 3 images, va nous dévoiler le fonctionnement de la trompe.

 Utilisation (on dirait un pécheur à la ligne qui vient d'avoir une touche)
 Enroulement
Rétractation.

La trompe ainsi rooulée est très esthétique ; elle ressemble à une crosse d'évêque ou à un ruban de réglisse que l'on déroule. 





Mais ce qui fascine dans les papillons, ce ne sont pas les enroulements de leur trompe, difficiles à observer à l'oeil nu, mais leurs couleurs. Pas seulement les couleurs de leurs ailes. Leurs yeux aussi peuvent être étonnants quand ils ne sont pas simplement noirs.



Leurs corps peut présenter aussi des couleurs délicates ou, au contraire, métalliques.


Admirez par la même occasion la posture qui ferait rêver un alpiniste.



Sans être particulièrement beau, même si j'en apprécie le caractère duveteux, le corps de celui-ci est original avec son caractère bicolore.


Mais, cessons de tourner autour du pot : ce sont bien sûr les ailes qui attirent le photographe. Pourtant, ce n'est pas le plus facile à photographier  car rares sont ceux qui les étalent gentiment, sans bouger quelques secondes, le temps de s'approcher et de faire la mise au point. Un seul voulait bien poser ainsi tout en butinant. Mais c'était bien le seul.



C'était le plus gros et, de ce fait, il était relativement lent à se mouvoir. Son coloris, assez banal, s'irisait au soleil, une aile bleuissant quand l'autre restait marron.




Surtout, elles se révélaient d'un bel orange soutenu quand on en observait le verso.


En contre-jour, c'était un tout autre personnage, bien différent de l'individu austère tout de marron vêtu.



Au contraire de celui-là, tous les autres butinaient ailes repliées. Heureusement la plupart étaient ainsi magnifiques.


Celui-ci semble, d'ailleurs, dessiner un simulacre, celui d'une chenille ou même d'un papillon vu à l'envers. Peut-être est-ce un moyen de tromper l'éventuel prédateur sur la direction de sa fuite ?


A lumière rasante....




Il n'a rien de rare. Tout est gris en lui, sauf, ce qui change tout, ce brusque coup de pinceau (ou de brosse)  orange et cet oeil qui semble se détacher de l'aile. A peine entrevu parmi les fleurs, il est magnifique dans sa sobriété chromatique.




Mais il est un papillon particulièrement agaçant. C'est lui qui, le premier, attira mon regard. D'un jaune éclatant, il voletait rapidement, s'arrêtant souvent moins d'une seconde, quitte à revenir inlassablement butiner dans les mêmes calices. Pourquoi ne prenait-il pas son temps comme d'autres, ce perpétuel excité ; pourquoi ne se gavait-il pas  tout son saoul d'un pollen qu'il délaissait à peine effleuré. Quel intérêt de s'agiter ainsi ? N'attirait-il pas plus l'attention par ce dévergondage ? 




On aurait dit que se sachant moche quand il butinait les ailes repliées, il voulait réduire au minimum ce temps nécessaire à son repas, pour se pavaner en ouvrant bien grandes ses ailes rutilantes quand elles étaient déployées.

Grand bien lui fasse, je ne lui demande rien. Mais comment le prendre en photo. Son vol chaotique rend improbable toute prise de vue. A faible distance, la netteté d'un sujet même immobile est souvent aléatoire, faute d'une profondeur de champ suffisante. Alors, quand ça bouge très vite et de manière incohérente... J'ai fait de très nombreuses tentatives, passant par tous les modes de mise au point de mon appareil qui comporte un nombre de réglages que tout le monde s'accorde à considérer comme difficilement maîtrisable, sans parvenir à un résultat acceptable. Le plus souvent le papillon était flou ; ou bien on n'en voyait qu'un bout car il était sorti du cadre.

Je cessais donc de l'imiter avec mes tentatives frénétiques et désordonnées et l'observait. En fait il quittait la fleur toujours de la même manière : en se projetant en arrière, comme un alpiniste  qui se détache de la falaise pour descendre en rappel ; mais lui, il se projetait non vers le bas, mais vers le haut. En bloquant la mise au point sur cet endroit imaginaire et en essayant de déclencher juste avant qu'il ne décolle, je parvenais à quelques résultats. Il semble arriver vers la fleur. En réalité, je vous dois bien la vérité, il est en train de voler en reculant pour s'en éloigner et repartir en avant vers un autre rameau.



Il parait atterrir. Non ! il vient de décoller.



Du coup, j'ai pu saisir son vol dans des positions assez inhabituelles puisque mon propos n'était pas seulement de photographier les ailes bien à plat mais plutôt d'en saisir le mouvement.










Mais en voilà assez sur ce papillon bien commun.

La lavande accueille aussi d'autres hôtes, comme cette cétoine qui passe précautionneusement d'un rameau à l'autre.



Abeilles et bourdons sont également nombreux.



C'est naturellement la moins jolie qui est la plus utile.

On rencontre même des fourmis, tout au moins sur les photos, car je n'ai découvert celle-ci qu'après coup. La rencontre papillon / fourmi fut pour pour moi tout à fait involontaire.


Est-ce la fourmi qui a chassé le papillon ou bien celui-ci est-il parti de sa propre initiative  ? (je vous rappelle que mes conditions de prise de vue font que, sur cette 2ème image, le papillon s'en va).

La fourmi nous ramène sur le sol où se cache ce minuscule bébé mante religieuse qui doit mesurer moins de 3 centimètres. Même aussi petit, l'animal impressionne avec ses avant-bras que ne renierait pas Popeye.




Dans sa vie d'adulte, c'est elle qui aura souvent le dernier mot. Je lui laisse donc le soin de conclure.

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