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mercredi 17 août 2011

Invasion au Col de Crous. 1ère partie, la montée au col

Je poursuis mes recherches sur la guerre de mon oncle, le sous-lieutenant de réserve Henri Dufour. La dernière fois, j'étais au col de Crousette qu'il tint avec sa section de fusiliers-voltigeurs pendant la courte offensive ratée des troupes de Mussolini en 1940 (cf. Vous avez dit Crousette ?). Aujourd'hui mon objectif est le col de Crous situé sur la même ligne de crête, de l'autre côté de la Cima Negra.

La Cima Negra (2553m), vue depuis les Baumettes.

Dans la terminologie de la ligne Maginot, le col de Crous était un Point de résistance (PR). Il était précédé par un avant-poste, à proximité du village d'Isola, et par un Point fort que Henri Dufour avait occupé en 1939 à Roya (le hameau de Roya, à ne pas confondre avec la vallée du même nom, bien plus à l'est). Son second poste, au col de Crousette, constituait aussi un Point de résistance, même s'il n'était pas fortifié. L'ensemble formait le sous quartier de Crous commandé par le lieutenant d'active Delamare, supérieur opérationnel de mon oncle dans ses 2 postes successifs.

Je n'ai pas la confirmation de la présence d'Henri Dufour au col de Crous, mais il est évident qu'il s'y est rendu, vraisemblablement plusieurs fois, soit depuis Roya, soit depuis le col de Crousette pour articuler son dispositif militaire avec celui d'ensemble, vérifier les télécommunications, étudier les différentes options tactiques en cas d'attaque et, tout simplement, entraîner sa section à la marche en montagne, été comme hiver. Henri se lia d'ailleurs avec le lieutenant Delamare pendant l'hiver 39-40, lors de leur repliement sur Péone pour cause de neige : il était avec le médecin, le sous-lieutenant de réserve Alziari, le seul officier cantonné dans ce petit village (cf. Les pierres sont définitivement muettes).

Je suis parti du hameau des Baumettes, à la fin de la route, un peu après 19h, pour ne pas monter en pleine chaleur. Altitude 1470m. Ce jour-là il fait assez frais, ce qui ne m'empêchera pas de tremper complètement mon T-shirt en montant le barda de mon bivouac. Au début du chemin, un panneau peu encourageant annonce que Force 06 est en train de réaliser des travaux sur le chemin qu'il est déconseillé d'emprunter. Comme je ne vois pas comment des travaux peuvent empêcher un piéton de passer, je persiste dans mon projet.

Un mot sur Force 06, dénomination guerrière qui peut surprendre. Il s'agit du Service départemental de prévention des incendies. Fort de 200 forestiers de l'ONF qui ont été "départementalisés" en 2005, ils sont bien équipés avec leur 4/4 d'un jaune rutilant. Leur nom me fait penser, malgré moi, au Groupe d'intervention de Polynésie, les fameux GIP de Gaston Flosse qui avaient, semble-t-il, une conception très extensive de leurs missions de protection civile. Rien à voir avec Force 06 qui s'emploie efficacement à entretenir la forêt, les chemins et leur balisage, si bien que tout le département est un paradis de la randonnée avec ses poteaux indicateurs à chaque embranchement. Chaque poteau porte un numéro ; reporté sur les cartes IGN, il permet un repérage facile.

Pour monter au col, 800m plus haut, on suit une vallée assez encaissée où coule le Tuébi, le torrent qui passe à Péone avant de se jeter dans le Var. Je l'entends dévaler vers Péone où il a complètement disparu sous les pierres d'un lit immense qui témoigne de son ancienne violence, avant sa régularisation et son endiguement. Sur la gauche, une crête continue, pas très sympathique, ni de nom, ni d'aspect, la Crête de Maleterre, qui culmine à 2500m à la Rocamaire, au dessus du col de Crous. Elle est plongée déjà dans l'ombre, alors qu'à ma droite, la Cima Negra est encore ensoleillée. 

La Crête Malaterre et le mont Rocamaire (2503m)

De l'autre côté de la vallée.

Derrière moi, la montagne de Valberg et le moutonnement des crêtes jusqu'à la mer (invisible naturellement). Valberg est le nom que le marketing touristique a donné à cet ancien "Quartier" de Péone où montait les troupeaux autrefois. Le nom de Valberg, dont la consonance germanique évoque l'Autriche et ses stations de sports d'hiver, a été fabriqué simplement à partir de l'expression "Vallon des bergers". Il lui fallait bien ce petit coup de pouce sémantique pour évoquer la neige et le ski : c'est la station la plus basse du coin, bien après Auron et Isola 2000. C'est là que Henri Dufour vient entraîner au ski ses soldats  pendant l'hiver 39-40. Ils n'utilisent sans doute pas les premières remontées installées en 1936 et montent courageusement à peau de phoque juste à côté, comme j'ai vu plusieurs fois  le 27ème BCA (le régiment de chasseurs alpins d'Annecy auquel appartenait mon oncle) le faire à la Clusaz quand j'étais enfant.

En me retournant, je devine les remontées de Valberg. J'aborde les éboulis.

Le chemin est facile et, par endroit, on voit que Force 06 est déjà intervenu mais, vers 1700m j'arrive dans une zone de pierriers effondrés. Le chemin disparaît. Je ne trouve pas le passage que j'emprunterai le lendemain à la descente : la lumière commence à être chiche. Quitte à traîner dans ce chaos de rochers, je préfère monter tout droit et c'est là que je "mouille mon maillot". Parfois, l'équilibre des pierres est un peu branlant et je me rappelle un récit d’escalade de mon beau-frère, le philosophe Louis Marin. Coincé dans un pierrier sas doute bien plus impressionnant, il parlait aux rochers dont il sentait sous les mains l'équilibre instable : "Excusez-moi, je ne fais que passer. Ne vous dérangez surtout pas pour moi".

Je crois bien avoir fait de même. Quand la nuit commence à tomber, l'adulte a tendance à s'effacer devant l'enfant qui a peur du noir. Je devine plus haut de l'herbe. Je pourrai me coucher. Il ne me faut pas beaucoup de place pour étendre mon duvet.

La lune se lève tandis que le soleil continue d'éclairer le sommet de la Cima Negra.



Ces 3 photos ont été prises dans cet ordre, entre 20h09 et 20h21.

Finalement, j'arrive à un petit replat herbeux, près d'une source, qui me permettra de cuisiner ce soir et de faire mon thé demain sans entamer ma réserve d'eau. En cherchant un peu, je trouve un espace sans pierre et suffisamment plat pour me poser.


La nuit s'installe pendant que je dîne d'un "couscous-poulet" déshydraté, pas très bon, arrosé d'un verre de vin blanc (zut, je me suis trompé dans la précipitation du départ, j'aurais préféré du rouge).




Dernier rayon de soleil, celui qui frôle un avion dans le ciel.


J'ai bien emporté, comme d'habitude, un livre mais, comme d'habitude, je ne l'ouvrirai pas. Ce soir, j'ai une raison supplémentaire de m'en abstenir :  tout en écoutant sur ma petite radio un opéra de Rossini tout à fait inconnu, je me livre à une occupation bien de saison, l'observation des étoiles filantes. Une dizaine dans l'heure qui suit le dîner, malgré une lune presque pleine qui, ici, est bien moins gênante qu'en plaine, surtout quand elle joue à cache cache.

Le ciel n'est pas aussi noir mais son assombrissement est indispensable pour rendre visible la surface de la lune. Le capteur de l'appareil n'est pas aussi sensible que l'oeil qui peut juxtaposer les détails de la surface de la lune et un ciel encore clair.


Je pourrais faire passer cette traînée blanche pour une étoile filante. 
Ce n'est que la traînée d'un des 1ers avions du matin, à 6h30.

Puis, c'est ce sommeil haché que j'aime bien, entrecoupé de brefs réveils qui permettent de déguster la nuit et de profiter du spectacle changeant de la nuit, même si un petit sursaut de sciatique ne permet pas le bonheur parfait.

A 6h30, le 1er rayon du soleil  ne frappe pas le sommet du mont Rocamaire mais un obscur rocher qui rencontre ainsi une gloire éphémère.

 6h35
6h36 
 6h37
6h39

Deux heures plus tard, le "rocher magnifique" a perdu de sa superbe. Il est redevenu un curieux chicot planté dans une gencive grise.

8h37

Entre-temps, je me suis prélassé au lit, petit-déjeuner, après être allé cherché de l'eau à la Fuont Freye, puis lecture tranquille  en attendant que l'atmosphère se réchauffe. 


Les marmottes ne sont pas plus courageuses que moi. Ce n'est que vers 8h qu'elles se mettent à piailler à plusieurs pour manifester leur colère de me voir ici. Si elles m'observent, moi je ne les vois pas. Je ne verrai d'ailleurs aucun animal sauvage, si ce n'est un chamois : sans le bruit des pierres qu'il fit rouler en s'éloignant, je ne l'aurais pas vu. La veille, j'avais entendu le sifflement caractéristique d'un mâle furieux mais je ne l'avais pas distingué dans la pénombre. Et puis, ce sera tout. En arrivant au col, je comprendrais pourquoi la nature sauvage s'est faite aussi discrète. 

Mais, d'ici là, il reste 400 m à monter, dans un paysage assez austère, de roches diverses, bouleversées par des cataclysmes anciens et une érosion toujours active.


De maigres forêts s'accrochent de l'autre côté de la vallée.








J'arrive à Peïra Grossa dont il n'est pas difficile de trouver l'étymologie. Un énorme rocher détaché de la falaise au dessus de moi, il y a bien longtemps. Ma photo, sans point de comparaison, ne donne pas une idée juste de sa masse.




Le chemin est redevenu facile. C'est même une véritable autoroute muletière, digne de la route militaire qui permit il y a plus de 70 ans d'acheminer des tonnes de ciment et des tonnes d'armes à une époque sans hélicoptère.


Peïra Grossa faisait partie du dispositif militaire. J'ai lu dans le journal de marches et d'opération du 74ème Bataillon alpin de forteresse auquel appartenait mon oncle que c'était là que l'on entreposait les armes et les munitions lorsque la neige et le froid obligeaient à quitter le col. J'ai bien vu un curieux bâtiment que j'ai pris pour une citerne mais, pressé d'arriver au col, je n'ai pas cherché plus longtemps. C'est en redescendant que je comprendrai la fonction de ce que j'ai vu rapidement.



A partir de ce point, le chemin serpente dans une prairie épaisse couverte de fleurs.



Le col de Crous, avec, comme il convient à son nom, une grande croix. Plus que 150m de dénivelée.




Coexistence pacifique d'une abeille et d'un bourdon.


Je commence à apercevoir des vestiges de l'occupation militaire du lieu par la 3ème compagnie du 74ème BAF et notamment des restes de construction dont l'appareil est strictement semblable à celui des abris du col de Crousette (cf. Les abris du col de Crousette).





Voici enfin le col. Des surprises m'attendent et je vous en parlerai très prochainement. Pour l'instant, je veux me préparer pour un nouveau bivouac, en rejoignant mes cols depuis le nord, depuis Roya.  Raconter m'amuse, mais vivre avant de raconter, c'est encore mieux. Il est temps de préparer le barda.

dimanche 14 août 2011

Mini-jungle provençale (suite)

Comme annoncé, voici la suite de mon "voyage en jardin". Dès le lendemain de cette première incursion dans la mini-jungle provençale, je suis retourné aux mêmes endroits pour voir ce que devenaient mes petites bestioles. Force est de constater que la vie est rude dans la mini-jungle provençale. Pour certains insectes rencontrés hier, il ne s'agit pas d'une suite mais bien plutôt d'une fin.

En longeant mon mur d'observation, une brève lueur verte attire mon attention. Curieux éclat à cet endroit, en pleine paroi verticale. En m'approchant, je retrouve mon araignée sauteuse, celle d'hier peut-être ou sa soeur. Elle traîne un énorme fardeau, plus gros qu'elle, une mouche verte, celle d'hier ou sa soeur.



Elle me surveille de ses yeux postérieurs, situés sur le dessus de la tête. Bien pratique pour échapper à qui vous veut du mal, mais comment fait-on pour utiliser 4 paires d'yeux. Même si seulement 3 paires sont opérationnelles, car les yeux situés juste en avant des postérieurs sont minuscules et peut-être résiduels, une telle disposition doit impliquer une gymnastique mentale dont je n'ai pas d'idée. Est-ce que cela fonctionne comme le mur d'images d'un poste de surveillance vidéo, toutes les images affichées en même temps ? Ou bien, l'affichage est-il séquentiel ? A moins que son cerveau recompose avec toutes ces images une seule représentation, celle d'un monde continu, sans dessus ni dessous, sans avant ni arrière ?

Je ne sais si ma présence explique son agitation, mais je n'arrive pas à trouver une logique à ses va et vient. Ce doit être épuisant de transporter, la tête en bas, une charge aussi lourde. Elle descend avec des difficultés visibles. Va-t-elle atteindre le sol, disparaître dans le sillon qui sillonne le mur, à la jointure du revêtement de l'allée et du mur ? Non, avant même d'être en bas, elle remonte et réitère plusieurs fois ces pérégrinations apparemment sans but.

A un moment donné, elle semble vouloir planquer sa cproie dans une minuscule anfractuosité du mur.



La mouche a presque disparu. L'araignée va-t-elle enfin se reposer ? Non ! elle reprend sa course insensée sans s'arrêter.


Je décide donc de la laisser tranquille. Lorsque je reviens, 20 mn plus tard, elle erre toujours dans le même secteur. En revanche, la mouche, elle, a bien changé. Elle a perdu ses couleurs rutilantes et ressemble simplement à un morceau de viande qu'il va falloir ingérer.



Un peu plus haut, à quelques mètres de là, deux de mes rencontres d'hier jouent une scène semblable, celle qui unit le prédateur heureux qui renforce un peu plus son ancrage sur terre et sa victime qui a déjà quitté notre monde.


Le grand Asile vient de capturer un papillon, notre papillon mimétique (ou son frère) qui, vous vous en souvenez, se confondait avec l'écorce des chênes. Désormais c'est de son bourreau qu'il ne se distingue guère.


Immobiles, ils semblent pourtant entraînés, l'un et l'autre, dans une lente et langoureuse danse macabre qui laissera l'un d'eux, repus peut-être, mais seul.

Sur le sol, règnent les grosses fourmis . Elles le nettoient de tous ses cadavres, en emportant dans leurs sombres cavernes d'énormes prises de guerre, avec parfois l'aide d'une consoeur.



Je reviens visiter la touffe de lavande, encore en fleur, pour essayer de me reposer de toute cette violence. Las, même ces petits herbivores se chamaillent méchamment.

On pourrait penser que ce bourdon serait suffisamment rassuré par sa force imposante pour ne pas aller ennuyer qui ne lui a rien fait.



Il est même comique, un rien attendrissant quand on le voit voler, pattes et trompe bien repliées. On dirait une petite saucisse sans ailes, tant  la vitesse de leurs battements  les fait disparaître à ma vue humaine comme à celle de mon appareil.




Mais il ne faut pas se fier à cette impression. les fleurs de lavande ont beau être en nombre suffisant pour tout le monde, notre bourdon ne peut s'empêcher d'attaquer cette guêpe ; il faut dire qu'elle s'obstine malgré tout à revenir après plusieurs râclées qui paraissent pourtant sévères.



Il s'agrippe à la guêpe en train de butiner, pesant de tout son poids suspendu. Je ne sais ce qu'il fait par ailleurs, mais cela ne semble pas amical. Si l'on retourne la photo, la pose est encore plus suggestive.



Lors d'une nouvelle séance de correction, j'ai pu prendre cette photo de profil. On peut admirer la déchiqueteuse qui sert de bouche à la guêpe ainsi que les cerques au bout de l'abdomen du bourdon.


Je suis intrigué par une curieuse branche de la lavande. Elle me paraît bien épaisse. Pas étonnant, c'est une jeune mante religieuse, totalement immobile au milieu du bourdonnement des hyménoptères.


Tête en bas, elle attend sans doute la proie qu'elle saisira dans ses bras à la Popeye, hérissés de pointes acérées.


Je redresse la photo pour vous permettre de faire connaissance car, dans le monde des hommes, il est difficile de reconnaître quelqu'un renversé la tête en bas.


Je m'enhardis jusqu'à incliner la tige à l'horizontal sans qu'elle ne bouge. Elle fait, comme beaucoup d'insectes, plus confiance à son mimétisme qu'à sa capacité à fuir rapidement. J'admire ainsi ses jambes immenses avec lesquelles elle s'accroche sur plusieurs tiges à la fois.


Demain, devenue adulte comme ces mantes religieuses photographiées l'année dernière, elle sera encore plus inquiétante.







L'immobilité de la jeune mante religieuse ma fait penser à l'araignée d'hier, autre grande immobile au centre de sa toile.  Je me rends donc derrière la cahute en bois, dans le pyracantha où elle a tissé sa toile. Ici, tout n'est que calme, le calme du piège invisible qui se referme sur l'agité qui s'y est fourvoyé.

Pas de changement, pas de nouvelle prise. Quand j'arrive, la maîtresse de maison est en train de s'occuper de l'une de ses proies déjà comptabilisées. 


Puis, dès qu'elle me voie, elle court se positionner au centre de sa toile pour n'en plus bouger. Dès que je m'éloigne, elle s'active à nouveau, pour réparer sa toile ou vérifier que ses proies sont bien emmaillotées.
Si je me rapproche, elle fonce derechef au centre de son empire. Voici un trait de son comportement mystérieux qu'elle m'a permis de comprendre.

Heureusement, le monde n'est pas toujours sombre ; il y a encore de la couleur et de la joie. Les papillons ne meurent pas tous dans l'étreinte passionnée d'un grand asile.



Les mouches vertes savent, le plus souvent, échapper aux araignées sauteuses.


On peut même rire franchement en observant toute cette petite ménagerie. Ainsi le bombyle. 




Oublions un instant qu'il est une sorte de coucou des abeilles : la femelle bombarde les nids d'abeille solitaire avec ses oeufs ; ensuite, les larves  se développeront en mangeant les provisions des abeilles, voire en dévorant leurs larves. 

Regardons simplement son vol amusant.

Ce petit cône duveteux alterne vol stationnaire et brusque piqué, tout tendu vers une fleur, sa trompe immense y plongeant avant même l'atterrissage.



Encore une fois, car il m'amuse trop.




Telle est la loi de la mini-jungle provençale. Elle est minuscule.


Mais elle obéit aux mêmes règles que l'ensemble du règne animal. L'individu n'existe pas, même lorsqu'ils est conscient de lui-même, seules comptent les espèces et leurs équilibres. C'est ce que veut nous faire comprendre ce criquet philosophe qui se penche à notre oreille pour nous glisser cette vérité dérangeante.