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samedi 6 août 2011

Mini-jungle provençale

Enfants et petits-enfants sont repartis. Finies pour un temps les photos qui constitueront demain les archives de leur enfance. L'objectif macro est revenu sur l'appareil photo, impatient de capter l'évolution de la mini-faune qui peuple le jardin. Il y a beaucoup moins de monde qu'au printemps. Les fleurs sont moins nombreuses si l'on excepte les lauriers qui n'attirent personne. Il reste un peu de lavande en fleur pour leurs hôtes inlassables, guêpes et bourdons, qui s'y vautrent avec, toujours, la même absence de retenue dans leur quête effrénée du pollen. C'est ce qu'on appelle, "s'en mettre jusque là", sur la tête, l'abdomen et les pattes.





Les papillons ont presque déserté ce jardin devenu sans attrait. Je les ai retrouvés un peu plus haut dans les prairies sauvages qui envahissent les terrasses abandonnées.


Même dans cet environnement plus favorable, ils sont bien plus petits que ceux qui butinaient ma lavande (cf. Un papillon, ça trompe énormément). Plus amusant, ces papillons mimétiques, qui se confondent avec le tronc des chênes sur lesquels ils se posent.


Un liseré blanc, une courbe inhabituelle sur l'écorce trahit à peine la présence du papillon immobile.


Il ne faut pas beaucoup d'imagination pour voir dans cette image le profil d'un homme au nez fortement busqué.



Au soleil, sur une pierre, il se montre enfin pour ce qu'il est.

Les petites fleurs du sous-bois, orchidées ou oeillets sauvages, attirent d'autres hôtes,.



Certains sont plus inattendus.


En revanche, il est une espèce qui pullule actuellement, c'est celle des criquets et des sauterelles. Le moindre pas soulève des dizaines de bestioles qui sautent à qui mieux mieux. Pas facile de les attraper  dans la boite noire. Heureusement, on peut compter sur les petits pour prendre une pose qui ne semble même pas terrorisée.



Celui-ci est prêt pour passer un casting dans les studios de Walt Disney.

Voici un autre criquet, le criquet italien (calliptamus italicus). Il remonte le muret qui me sert souvent de lieu d’observation. C'est un tout jeune.


Il ne paye pas de mine quand ses pattes postérieures sont repliées. Certes on peut admirer déjà dans ce bébé les formidables cuisses qu'on dirait sorties d'une publicité pour du poulet fermier. A noter aussi l'impressionnante articulation de la cuisse avec le tibia : une véritable bielle de locomotive à vapeur. Mais il cache l'essentiel : l'intérieur rouge de ses pattes qui le fait ressembler à un papillon lorsqu'il saute et vole. (Enfin, disons plutôt, lorsque volent ses congénères, car lui, ne semble pas encore capable de décoller).

Arrivé en haut du muret, il se livre à ue sorte de gymnastique d'assouplissement, comme s'il testait ses muscles et ses tendons après un long sommeil.

D'abord, une patte.


Puis l'autre,


Puis les 2. Il ne tient plus que sur ses 4 pattes antérieures.


Il refait l'exercice plusieurs fois, tout en s'éloignant vers le couvert de quelques cailloux. Il ne sautera pas encore ce matin. Il vaut mieux s'abriter, le temps d'acquérir la force de pouvoir s'enfuir d'un grand coup de pattes arrières.




De toute façon, je ne suis pas encore parvenu à immortaliser ce vol flamboyant du criquet italien. J'ai eu un peu plus de chance avec une sauterelle. La photo n'est pas terrible, mais c'est la seule. J'espère pouvoir vous en montrer un jour une plus réussie.



Elle m'avait séduit avec ses très longues antennes qui tracent une courbe élégante ; ses immenses pattes arrières  ne sont pas banales, non plus.  J'ai eu la chance d'appuyer une 2ème fois sur l'obturateur au moment où elle jugeait ma présence inquiétante et décollait d'un solide coup de patte tout en ouvrant ses ailes. Le résultat n'est pas fameux, j'en conviens (je parle, bien sûr, de ma photo, pas de son saut impeccable).

Dans le genre "insecte volant impossible à saisir en vol", il y a les mouches, au décollage imprévisible quant à l'instant et à la direction. Heureusement elles se posent et se laissent approcher parfois, comme cette magnifique "Mouche verte". En admirant ses écailles brillantes et ses grands yeux rouge brique, on peut oublier qu'elle se nourrit de viande en putréfaction. Ses larves sont parait-il, utilisées pour nettoyer les plaies, y compris du redoutable staphylocoque doré.


Autre mouche, bien plus impressionnante par la taille et le vrombissement de son vol. Je l'avais entendue 2 ou 3 fois sans pouvoir l'approcher et je me dirigeais vers la maison, quand elle me fit la joie de se poser juste devant moi, sur les dalles de l'escalier, puis sur la petite barrière de bois qui ferme la terrasse, autre lieu de mes chasses photographiques (cf. Brève histoire d'amour).






Quand on agrandit l'image, on voit bien la structure lenticulaire de ses énormes yeux.


Elle décolle enfin de la poignée de bois qui ferme la barrière.


Ce "Grand asile" est un guerrier. Son dos noir et jaune m'évoque ces armures de chevalier où des filets d'or dessinent des arabesques sur l'acier sombre.

J'avais vu au printemps un monstre semblable, mais d'une couleur orange vif qui lui donnait une allure encore plus terrorisante.



Les araignées font aussi partie des grands prédateurs qui ne quittent jamais le jardin. Il y a celles qui tissent des toiles et s'en servent à la fois de piège et de garde-manger.


Celle-ci a accumulé 3 prises, bien rangées sur une même ligne verticale. C'est d'ailleurs cette disposition qui m'a attiré l'oeil. On la distingue difficilement de ses proies emmaillotées comme des momies. Quelle vie, au milieu de ces cadavres !

Elle-même se tient au centre de la toile, prête à intervenir pour saucissonner une autre victime ou réparer une déchirure.



Dans ce cocon, il me semble reconnaître une guêpe. Belle prise !

En fait, je dois avouer que je n'aime guère ces sortes de serial killers qui vivent entourés des trophées de leurs crimes. Je préfère de loin les araignées sauteuses, si étranges avec leurs 8 yeux qui font ressembler leur tête à une tourelle de char.

J'ai une tendresse particulière pour elles. Elles ne sont pas inquiétantes avec leur toute petite taille. Elles sont couvertes d'un fin duvet qui doit être agréable au toucher.


Certaines sont magnifiques avec leur tête ornée de rouge.



J'en ai même vu une, le printemps dernier, avec un superbe abdomen rouge vif.



Cette "Saltique de Sloane" est inoffensive, malgré ses couleurs guerrières. Il ne faut pas la confondre avec la "Malmignatte balafrée" que j'avais découverte, l'année dernière, en train de finir d'enrober une de ses proies engluée dans sa toile : chez elle, ce n'est pas le dos qui est rouge, mais le devant de l'abdomen. C'est une proche parente de la Veuve noire et il vaut mieux l'éviter. : 


Comme on voit, je ne me suis pas trop approché et il faut cliquer sur la photo pour apercevoir la tache rouge qui signifie "Danger !".

Une dernière raison (peut-être la seule !) explique mon amour des araignées sauteuses : j'en trouve souvent sur mon fameux muret et il est bien agréable de s'appuyer contre lui pour viser la petite bestiole.

En ce jour d'août 2011, j'en ai trouvé une, c'était la 1ère fois, en plein repas : une grosse fourmi. Quand on sait que les araignées ne peuvent ingérer leur nourriture qu'en la dissolvant sous la forme d'une bouillie, elle avait encore du travail. 



Mon insistance indiscrète à la regarder manger a fini par l'importuner et elle est partie se réfugier dans un trou avec sa fourmi. Puis, elle réapparut un peu plus loin, comme si elle ne pouvait accepter de "manger en suisse" (pardon à mes lecteurs suisses pour cette expression française ; elle ne dit rien de la convivialité helvétique !)




Je ne voudrais pas terminer cette chronique sur cette note cruelle. 

Cette punaise colorée est plus plaisante. Et puis, elle est herbivore.




Quant à ce criquet à la cambrure interrogative, ne semble-t-il pas demander "y aura-t-il une suite ?"


Mais, bien sûr ! Ma jungle est minuscule par la taille de ses habitants, non par le nombre presque infini de ses espèces.

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