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vendredi 4 novembre 2011

Paris 1937. L'Exposition universelle.



Collection personnelle


Trente millions cinquante trois mille sept cents personnes ont visité l'Exposition universelle de Paris en 1937. Dans cette foule immense, un individu m'importe plus que d'autres : Alfred Dufour (1912-1942) que tout le monde appelle Fred, le frère aîné de ma mère. J'ai déjà parlé de lui à l'occasion de son voyage en Algérie l'année suivante, en février 1938 (cf. Algérie 1938). Une fois de plus, ses photos et ses lettres me donnent l'occasion d'une plongée dans un univers si différent du nôtre et pourtant vieux de moins de 75 ans. De quoi mesurer la vitesse du changement sur notre petite Terre lancée comme un bolide dans l'univers.

Venant d'Annecy où il réside avec toute sa famille, il arrive à Paris le 25 mai 1937, le jour même de l'inauguration de l'Exposition par le Président de la République, Albert Lebrun. Il loge à l'hôtel des Arts, Cité Bergère. Cet hôtel calme, en arrière du boulevard, existe toujours, sous la même dénomination.

Fred est un grand malade qu'un rhumatisme articulaire ronge. Il mourra dans moins de 5 ans dans de terribles souffrances. Pour l'heure, à 25 ans, il connait depuis quelques mois un répit qui durera jusqu'à la fin 1941 après le déclenchement d'une maladie, au début des années trente, qui l'amena à rester plusieurs mois alité. Il a donc un formidable appétit de vivre, une curiosité permanente qui doivent composer avec une santé malgré tout fragile qui l'oblige à de fréquents repos. 

Fred Dufour été 1936

En mai 1937, il n'est toutefois que de passage à Paris sur le chemin d'un stage qu'il s'est imposé pour apprendre "tout sur les cafés". Son père, Gabriel Dufour, a monté une entreprise d'épicerie en gros qui marche bien. Il a créé une marque de café, le Lac d'argent et importe directement des cafés du monde entier qu'il torréfie, mélange et commercialise notamment auprès des hôtels du lac d'Annecy, alors en pleine boom, malgré la crise. Comme on le sait aujourd'hui, le luxe fait bon ménage avec la crise.

Fred, qui est fléché pour devenir le futur patron de l'entreprise, va donc passer 2 mois chez un importateur de café du Havre. Son objectif : apprendre à reconnaître à l'aveugle  les différentes qualités et provenances, comme on apprend le vin, avec beaucoup d'application et un sérieux qui ne l'empêche pas de reconnaître ses difficultés et ses lacunes. Il réglera aussi quelques problèmes pour l'entreprise Dufour car l'époque n'est pas très facile pour les importateurs dont les stocks sont souvent consignés en douanes dans l'attente des modifications fréquentes des tarifs douaniers.


Fred en stage chez M. Jobin du Havre en juin 1937,
aux prises avec des échantillons de café.

Au retour de ce stage, début août, il complétera sa formation dans une brûlerie parisienne, la Brûlerie Saint Jacques, à l'angle des rues de l'Estrapade et Laromiguière.  J'ai vécu 9 ans dans la toute petite rue Laromiguière, sans savoir, à l'époque, qu'il s'agissait d'un "lieu de mémoire" de ma famille, maintenant transformé en immeuble résidentiel. Dommage ! Si j'avais su, j'aurais évoqué le souvenir de mon oncle en marchant dans ses pas ; j'aurais aussi été plus attentif à ce croisement emprunté tous les jours en moto à 100m de mon domicile et je n'aurais peut-être pas accroché en voiture, moi le motard, ce jeune motard en Suzuki qui venait de la droite. Il n'eut rien lui-même, mais sa colère était grande car sa moto, impeccable, qu'il venait de doter d'un superbe sabot de moteur, arborait une éraflure. Je le comprenais. J'avais surtout eu très peur pour lui.

La brûlerie saint Jacques. Wikipedia commons

Fred resta donc quelques jours à Paris, début août, profitant de l'occasion pour visiter l'Exposition qu'il n'avait aperçu que de loin en mai.

Lors de son 1er passage, en cette fin mai, il a plutôt envie de découvrir Paris, comme le provincial qu'il est : le Louvre, le Musée Grévin, les Invalides,  la place de la Concorde, les Champs Elysées, les illuminations, sans oublier une soirée au Théâtre du Châtelet pour voir Tovaritch, une pièce à succès de l'époque. Il passe même un bon moment à regarder les gens qui empruntent, avec appréhension et maladresse, cette invention devenue banale, "l'escalier roulant". 

Il n'a pas le temps de visiter l'Exposition car on l'attend au Havre. Il se contente de l'observer de loin. Elle lui "paraît grandiose, les fameuses portes de bois, les pavillons de Russie, Allemagne et une ribambelles d’inachevés".




Car, l'Exposition est loin d'être achevée quand elle est inaugurée. Lancée en juillet 1934, lors du gouvernement d'Union nationale présidé par Gaston Doumergue où l'on retrouve Pétain à la Guerre, Laval aux Colonies, Flandin aux Travaux publics mais aussi Henri Queuille à l'Agriculture, elle sera réalisée et inaugurée  pendant le Front Populaire et fermera ses portes après la chute de Léon Blum. C'est dire qu'elle ne fut pas épargnée par les grèves et les querelles de partis.

Début août, quand Fred repasse, la fête bat son plein. Il renonce d'ailleurs à s'y rendre le dimanche, tant la presse est grande. Certes l'Exposition n'atteindra pas le niveau d'affluence espéré (40 millions), encore moins les sommets de celle de 1900 qui dépassa les 50 millions de visiteurs. Elle n'atteignit pas non plus l'équilibre financier mais elle reste malgré tout dans les mémoires. D'abord parce qu'elle laissa à Paris des monuments emblématiques, le Palais de Tokyo, le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris et, surtout, le Palais et l'esplanade de Chaillot.

AmB février 2009
En août, Fred descend dans cet hôtel près du parc Montsouris.
(pour lui, ce n'est pas le parc mais la proximité des catacombes qui lui a plu).
Autre signe des temps : l'hôtel du Midi de 1937 s'appelle aujourd'hui l'hôtel du parc Montsouris.

Mais la renommée de l'Exposition tient surtout à une photo que tout le monde a vu au moins une fois, sous une forme ou une autre : la photo des 2 pavillons rivaux, celui de l'Allemagne et celui de l'URSS se faisant face de part et d'autre du pont de Iéna, avec en toile de fond,  la Tour Eiffel se détachant sur le ciel entre les 2 futurs belligérants. L'Exposition de 1937 est la dernière exposition universelle réalisée à Paris ; c'est aussi la dernière à réunir avant la guerre des nations qui bientôt s’affronteront pendant 5 ans dans une lutte à mort.

lartnouveau.com/art_deco/expo_internationale_1937.htm

La guerre est d'ailleurs bien présente déjà, avec le pavillon de la République espagnole sur le territoire de laquelle se battent, plus ou moins directement, l'Italie, l'Allemagne et l'URSS. et non la France (mais de nombreux Français) qui vient de proclamer par la voix de Léon Blum, sa neutralité.

Je ne sais pas exactement sous quel gouvernement ont été attribués les emplacements ; ce serait intéressant de le savoir pour préciser la signification de cette topographie volontairement symbolique. Une chose est certaine, c'est la France qui a dessiné cette carte dont on peut imaginer le sens : la France se dresse du haut des 300m de la Tour Eiffel entre les 2 dictatures, nazie et soviétique, comme un arbitre sûr du droit et de sa force.

L'Exposition internationale des arts et des techniques du monde moderne, tel est son nom officiel, n'est pas une exposition universelle au sens strict puisque son objet est, paraît-il, plus spécialisé. Ceci dit, je n'ai pas vu de différence flagrante avec les expositions universelles qui toutes, sont organisées autour d'un ou 2 thèmes. 

A Paris, on veut réconcilier l'Art et la Technique, le Beau et l'Utile, dans une idéologie du progrès triomphant au service de la Paix. On sait dans quelles conditions cet espoir  rencontrera une cruelle désillusion un an plus tard, à Munich. En 1934, quand le projet est lancé, on pouvait croire, peut-être, à la vertu pacifique de la science et de la technique. En 1937, alors qu'on venait d'entendre le hurlements des sirènes des Stukas piquant sur Guernica, c'était plus difficile. Raison de plus, sans doute,  pour tenter, à toute force, de convertir les esprits à la paix, au plaisir du savoir, au progrès partagé.

Le Palais de la Découverte, créé à l'occasion de l'Exposition, témoigne aujourd'hui encore de cet état d'esprit. On lui réserve une partie du Grand Palais (qui, lui, est né lors de l'Exposition de 1900) et Fred passe de longs moments à manipuler les instruments de petites expériences scientifiques mises à la disposition directe des visiteurs.

"Le Palais de la Découverte est un chef d'oeuvre de propagande scientifique. Il nous apprend, ou nous réapprend, par une multiplicité d'appareils et d'instruments divers, toute la physique, la chimie, la médecine. Ce qui m'a émerveillé, c'est que tous les instruments, du plus simple (pesanteur) au plus compliqué (électrons), sont manipulés, soit automatiquement (avec explication par disque), soit par un opérateur qualifié, soit, pour la plus grande partie, par le public

J'ai passé toute une après-midi à actionner une multitude d'instruments plus ou moins compliqués qui lançaient des lueurs vertes, qui photographiaient, qui explosaient, qui faisaient tourner des trains en miniature, etc., etc." lettre de Fred du 8 août 1937

Comme on voit,  Fred apprécie autant l'aspect ludique que la dimension pédagogique ! Cette alliance du jeu gratuit et de la technique utilitaire est une des caractéristiques de ces grandes manifestations. C'est ce qui en fait le succès mais aussi le côté un peu mièvre de kermesse pour grands enfants.

Il apprécie, pour la même raison, le pavillon de la Presse, où l'on a reconstitué un atelier d’imprimerie du temps de Gutenberg, ou le pavillon de la radio (qu'il appelle le Phono), où "des instruments divers versent automatiquement et sans discontinuer des flots d'harmonie. Les pianos, les guitares jouent sans le concours d'aucun musicien et l'on se croirait transporté au pays des fées".


Je retrouverai quelque chose de ce genre, en 1985, avec le robot -musicien.

www.mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/fr/.../expo_1937.html
Vue d'ensemble depuis la Tour Eiffel, en direction de l'Ecole militaire.
Cette vue est rare, car on montre toujours l'autre côté, vers le Palais de Chaillot.

Cette atmosphère de Foire du Trône, de Dysneyland de la préhistoire, ne lui fait pas oublier l'enjeu de compétition pacifique entre Etats : "La grandiose réalisation de l'Exposition m'a émerveillé. Chaque pavillon national vous séduit, soit par son luxe, soit par son ingéniosité, soit par son originalité. Il représente la synthèse des productions, oeuvres d'art, etc., de chaque pays. Chaque pavillon est de plus illustré et animé d'une manière aussi ingénieuse que ravissante". 


artnouveau.com/art_deco/expo_internationale_1937.htm

Il visite les pavillons de manière systématique, malgré sa fatigue (il rentre chaque soir "exténué", ce que l'on veut bien croire), par enthousiasme mais aussi parce qu'il veut repérer les pavillons les plus intéressants pour permettre au reste de la famille, qui viendra plus tard, d'aller à l'essentiel.

Dans un premier temps, je m'étais étonné du choix de sa 1ère visite : le pavillon des Etats pontificaux. 

worldfairs.info

Fred est pratiquant mais sans zèle excessif, même s'il cherche le dimanche une église pour assister "à un bout de messe". En fait, l'explication est tout autre : en consultant le plan de l'Exposition, j'ai remarqué que le pavillon des Etats pontificaux est juste à l'entrée de l'Exposition quand on vient de la place de la Concorde. 

Fred Dufour août 1937
Entrée de l'Exposition, côté Concorde.

Je m'étonne en passant du terme d'Etats pontificaux, alors que, depuis les accords de Latran de 1929, la dénomination officielle est "Cité du Vatican". A-t-on voulu insister sur la justification étatique et non religieuse de la présence de ce pavillon ? Cela me semble vraisemblable à cette époque de lutte entre la droite catholique et la gauche laïque (alors au pouvoir).

nyuflaneur.wordpress.com

Pour preuve, l'Action catholique française organisa un concours de musique sacrée qui se déroula dans le pavillon pontifical tandis que l'Exposition ferma ses portes sur un concert de musique militaire.

Ouverture du concours de musique sacrée, le 19 juillet, à l'Institut de France.

Une fois que l'on a le plan en tête, on comprend mieux ses choix : "19h (le 7 août), Ai successivement visité les pavillons suivants : Sécurité, Yougoslavie, Argentine, Pays Bas, Espagne, Allemagne, Portugal et Grèce. Cela représente 10% environ de la superficie de l'Exposition". Carte postale du 7 août du Grand Palais.

recto de la carte
Collection personnelle


verso de la carte postale. 

"Le plus beau de tous ceux-ci est sans contredit, l'Allemagne qui présente dans un décor grandiose et luxueux une synthèse complète de sa production".

De fait, le pavillon allemand a été décoré avec soin. Les lustres sont de Raymond Subes, auteur de nombreuses réalisations pour l'Exposition. 





Subes réalisa notamment le Palais du métal, la flèche métallique du pavillon des Etats pontificaux ainsi que la Vierge à l'enfant du même pavillon.


http://www.expositions-universelles.fr/1937-exposition-internationale-subes.html 
La statue orne aujourd'hui un monastère en région parisienne. J'y reviendrai.


La porte du siège social de Marcel Dassault provient du pavillon du Métal.
Elle a été basculée de 90° et raccourcie.

Face au déballage de luxe ostentatoire du pavillon allemand, celui de la République espagnole devait faire triste mine. De construction légère, pour des raisons financières autant qu'esthétiques, il n'a pas dû impressionner le fils de l'épicier en gros d'Annecy qui ne dit rien des oeuvres d'art qu'il abrite, ni de la guerre qu'il évoque.


Le parti architectural est résolument moderniste, en rupture totale avec le néo-classicisme des pavillons totalitaires, en rupture aussi avec le pavillon espagnol de la précédente Exposition universelle, celle de Liège de 1930, du temps de la dictature de Primo de Rivera, juste avant la chute de la monarchie et la proclamation de la République. 

liege-expo2017.blogspot.com
Le pavillon espagnol de 1930.

En 1992, une réplique exacte du pavillon de Sert (un disciple du Corbusier) est construite à Barcelone (réplique exacte, ai-je lu ; pourtant l'escalier ne semble pas arriver au même endroit. Mais c'est peut-être une autre face du bâtiment).

spainisculture.com

On sait que Picasso réalisa son Guernica pour le pavillon de l'Exposition, le bombardement de la petite ville basque par la légion Condor venant d'avoir lieu le 27 avril 1937,  un mois avant l'ouverture de l'Exposition.


Calder, américain mais sympathisant de la jeune République,  y exposa sa fontaine de mercure et Miro son Paysan catalan.

cleur.skyrock.com
Dans le pavillon, on n'élude pas la guerre qui dure depuis un an et ne se terminera qu'en avril 1939.


http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memsap_fr
Titre du panneau : les victimes de la guerre.

Cette intrusion de la politique dans la fête n'est pas du goût de Fred, même s'il la sait inévitable : "L'Espagne tente, par ses tableaux, de soulever l'indignation du public contre Franco, écrit-il". 

Je ne sais ce que Fred pense précisément de cette guerre civile. Il connait Barcelone qu'il a visité en 1934 avec toute la famille, et la ville l'avait enchanté alors par sa vitalité, comme elle continue de le faire aujourd'hui auprès de tous ceux qui arpentent ses ramblas. Mais chez les Dufour, on ne parlait pas de politique, au moins dans la correspondance, seule trace qui me reste de leur présent. Je n'ai trouvé que de rares allusions à des évènements politiques ; par exemple lorsque sa mère s'inquiète, en février 1938, de le savoir en mer alors qu'une escadre allemande se dirige vers "sa lumineuse Barcelone"  encore républicaine, jolie expression qui témoigne  peut-être de sa sympathie pour la République.

Pour lui, le pavillon le plus agressif est celui du Portugal de Salazar (qui vient d'ailleurs d'échapper à un attentat un mois plus tôt). qui "par son ingénieuse et remarquable statistique, fait d'utile propagande". J'aimerais bien savoir à quoi il faisait allusion, j'y trouverais des indications sur sa pensée politique, mais il ne reste plus de traces de tout cela.

Le pavillon du Portugal

L'Allemagne, au contraire, lui paraît pacifique. Certes, il est sûrement sensible au caractère massif du pavillon, à l'impression de puissance statique qu'il dégage. On sait qu'Albert Speer, l’architecte de Hitler et, en l’occurrence, du pavillon de 1937, a eu connaissance des plans du pavillon soviétique. Ce n'est pas un hasard si l'aigle allemand surplombe le couple  du pavillon soviétique : Speer savait de combien il devait surélever son bâtiment pour dominer les moujiks. Curieusement, le 1er projet soviétique dressait aussi haut un immense piédestal à Lénine. Le projet final fut moins politique et moins haut.


expositions-universelles.fr


Mais, pour Fred, cette force est pacifique, c'est celle d'un peuple qui, sûr de son bon droit, se contente de se faire respecter afin de dissuader toute agression, comme un géant, les pieds bien plantés dans le sol et les bras croisés sur son torse musclé, décourage les adversaires les plus teigneux.


Collection ppersonnelle
recto de la carte postale.

Comme la plupart des Européens, il est victime de l'habile propagande du régime nazi qui depuis les Jeux Olympiques de 1936 essaie de donner au régime un visage respectable à l'étranger  pour faire oublier sa violence à l'intérieur. 

Il fallait vouloir s'aveugler, par une peur, bien compréhensible, du retour de la guerre,  pour être dupe. Cette puissance massive ne symbolise pas la placidité de l’éléphant, mais la tranquillité du fauve qui vient de faire bombance. C'est bien connu, les grands conquérants sont toujours d'ardents partisans de la paix, de cette paix des morts qui règne sans fin sur un monde qui leur appartient désormais sans partage.

Quand s'ouvre l'Exposition de 1937, Hitler vient d'inaugurer la Grande Exposition de l'Art allemand de Munich qui doit fustiger l'"art dégénéré", celui du pavillon espagnol par exemple. Son discours jargonnant est sans ambiguïté : "Avant que le Nazionalsozialism ne prenne le pouvoir, il n’y avait en Allemagne que le soi-disant ‘art moderne’ : chaque année un autre art moderne. Nous, nous voulons un art Allemand d’une valeur éternelle. ( …) L’art n’est pas fondé sur le temps, une époque, un style, une année, mais uniquement sur un peuple.  (…) Et tant qu’un peuple existe, l’art est un jalon, le point stable dans les apparences fugitives. C’est l’existence et la durable prestation d’un peuple, et pour cela l’art est l’expression de l’essentiel de l’existence, un monument éternel, en soi-même l’existence et la performance". cité dans http://www.art-memoires.com.

L'admiration de Fred pour le pavillon allemand ne lui obscurcit pas totalement la raison. Il tempère son propos en remarquant qu'il n'a pas encore visité le pavillon russe ni celui d'Italie. Il ne peut encore "décerner la palme" du plus beau pavillon. Malheureusement, nous ne saurons jamais ce qu'il en a pensé. Rentré à Annecy peu après, il n'a plus écrit depuis Paris, réservant ses commentaires pour le prochain gueuleton familial du dimanche midi.

Le pavillon soviétique était moins haut que le pavillon nazi, mais il était beaucoup plus profond (160 m), ce que la quasi-totalité des images ne montrent pas, soucieuses de ne le voir que dans son opposition au pavillon de Speer. Le pouvoir soviétique fêtait, aux yeux du monde, les 20 ans de la Révolution d'Octobre pendant que sur le territoire soviétique des millions de gens étaient exécutés ou envoyés au Goulag.

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Malheureusement je n'ai pas trouvé de photos de l'intérieur du pavillon russe.

Ce qui est certain, c'est que Fred a été sensible, comme tous, à la compétition URSS/ Allemagne que la scénographie de l'Exposition mettait en valeur au delà du raisonnable pour une Exposition qui prétendait défendre la Paix. Ses photos l'attestent.

Mais ces  mêmes photos ne montrent aucune préférence particulière. Il a été aussi fasciné par l'énergie russe que par le gigantisme allemand.

Fred Dufour août 1937

Fred Dufour août 1937
J'aime beaucoup cette photo, avec l'attitude, si datée, de ce jeune visiteur.
Car les attitudes ont aussi une histoire.
Et puis, ce pied qui ne touchera jamais le sol me fait rêver aux 74 ans qui nous séparent.

Fred Dufour  août 1937 

Fred Dufour  août 1937
Fred  est un vrai photographe.
Cette image (prémonitoire) du  drapeau nazi qui masque la kolkhozienne, je n'en ai jamais vue d'équivalente. On trouve par contre à la pelle des photos, toutes identiques, du face à face.
On distingue, à droite du pavillon russe, un massif de béton : c'est là que se trouvaient les sculptures dont il sera question plus loin.


espositions-universelles.fr
De gauche à droite, les pavillons de la Belgique, de la Norvège et de l'Allemagne,
lors de l'Exposition universelle de 1900. Que de changements en 1937 !

Il a pris également des photos des pavillons italien et suisse, les voisins de sa Savoie natale car il savait qu'elles intéresseraient la famille.

Fred Dufour août 1937
Le pavillon italien 

Fred Dufour  août 1937 
Le pavillon suisse.

Fred Dufour août1937
Vue d'ensemble. La disproportion des 2 pavillons, russe et allemand, saute aux yeux.

Quant aux cartes postales qu'il a envoyées, une seule reproduit l'image d'un pavillon, celui de l'URSS , une autre, celle de la Tour Eiffel illuminée. Toutes les autres sont des vues de Paris.

Collection personnelle

Collection personnelle

Or je n'imagine pas que les architectes nazis, si friands de marches aux flambeaux, n'aient pas imaginé un spectacle lumineux grandiose, mais Fred n'a pas été convaincu, tout au moins par la carte postale qui le reproduisait.

Quant aux autres photos de l'Exposition que prit Fred, elles ne concernent pas nos 2 champions totalitaires. 

Fred Dufour août 1937
Le Palais de Tokyo 1937 , un palais que je connais bien pour y avoir organisé un concours d'architecture en 1985, en vue de la réalisation d'une salle de cinéma. Mauvais souvenir d'ailleurs, le choix s'étant porté sur un médiocre.

 Fred Dufour août 1937
Le fameux train électrique

Fred Dufour août 1937
Les jets d'eau qui plurent à tous. 

Le pavillon allemand écrasait peut-être tous les autres de sa masse, il ne subsiste rien de ce monument prétentieux pas plus que de la chancellerie du Reich construite par le même Albert Speer (sauf une ou deux sculptures de bronze exposées en Allemagne). En revanche, les oeuvres abritées par la structure légère du pavillon espagnol sont mondialement connues et le pavillon a même été reconstruit à l'identique en souvenir de cette épisode tragique de l'histoire de l'Espagne.

Les statues de l'ouvrier (marteau) et de la kolkhozienne (faucille) se projettent toujours vers un avenir qu'elles veulent croire radieux malgré 70 ans de démenti. Depuis 2005, elles sont même à nouveau posées sur le toit du pavillon soviétique reconstruit à Moscou. Décidément, cette exposition de la dernière chance avant le saut dans l'apocalypse a marqué les esprits de tous ceux qui en ont réchappé au point de vouloir rejouer la partie, si longtemps après. En reconstruisant les pavillons, en les montrant toujours debout aujourd'hui, c'est comme si la guerre n'avait pas eu lieu, comme si l'on annulait la catastrophe, comme si le nazisme n'avait jamais existé. Les pays aussi aiment les conduites magiques.

expositions-universelles.fr. Photo Belisky 2009

expositions-universelles.fr Photo Belisky 2009
A Moscou, les voitures d'aujourd'hui remplacent les tanks d'hier.

Le site "expositions-universelles.fr" offre de nombreuses photos de la construction de ces gigantesques statues, assemblées par morceaux, comme une mosaïque en 3 dimensions.

Richard Napier 2006 expositions-universelles.fr
Dans l'atelier du sculpteur



Richard Napier 1982 expositions-universelles.fr

Alexander Orlov 2003 expositions-universelles.fr
Le démontage

Rétrospectivement, on peut y voir le symbole d'un peuple martyrisé par les nazis et pourtant toujours debout. malgré ses cicatrices.

Mais il y a mieux : on a retrouvé récemment les sculptures qui ornaient les propylées du pavillon soviétique et qui symbolisaient les 11 républiques soviétiques. Oeuvres de Joseph Tchaikov, difficillement transportables car en béton, contrairement aux 2 statues principales faites d'acier inoxydable, elles furent données à la CGT qui l'affecta au syndicat des métallos parisiens ( l'Union fraternelle des métallurgistes de la région parisienne) qui venaient d'acquérir le château de Baillet en France pour y installer un centre de vacances, suite à l'instauration des congés payés..

J'ai découvert récemment l'histoire des vicissitudes de ces bas-reliefs  lors d'une émission archéologique de France Culture. Ils furent effectivement installés sur le parvis du château mais presque immédiatement ils changèrent d'admirateurs et furent contemplés, non par de joyeux bambins insouciants, mais par, ironie de l'histoire,  des militants communistes incarcérés : Daladier avait transformé le château en centre d'internement après la signature du pacte germano-soviétique du 23 août 1939.

Leur histoire rocambolesque ne s'arrête pas là. Le château est donné en novembre 1940 au mouvement des jeunesses pétainistes mais ce n'est pas à cette époque que les sculptures sont détruites. Le pacte germano-soviétique va leur offrir un répit : jusqu'en juin 1941, Allemands et Russes respectent leur traité de non-agression. Est-ce que beaucoup de jeunes pétainistes vinrent, pendant ce court laps de temps, s’entraîner à l'ombre des bas-reliefs communistes ? Je trouve l'image amusante.

expositions-universelles.fr
Au premier plan, l'un des 2 massifs maçonnés qui portent les sculptures.

expositions-universelles.fr

Puis l'Allemagne envahit l'URSS. Grand soulagement pour ces pétainistes anti-communistes que la situation entre juillet 40 et juin 41 devaient troubler au plus profond d'eux-mêmes. On brise alors les statues et on  les jette dans l'immense citerne (5m de haut). On n'a pas de détail  sur cette opération qui reste mystérieuse. Certains ont voulu imaginer une sorte de messe noire, bien dans l'air du temps, pendant laquelle on aurait laissé libre cours à une rage longtemps contenue. Cela ne semble pas le cas : les visages ne sont pas martelés, les statues simplement cassées pour entrer dans leur nouvelle demeure. Ce fut sans doute le travail de professionnels, peut-être même d'ouvriers en désaccord silencieux avec cette profanation.

Les bas reliefs disparaissent pendant plus de 60 ans et leur souvenir s'efface puisque le forfait s'est accompli derrière les murs du parc. Après la guerre, le château et les bas-reliefs retrouvent leur propriétaire légitime qui en conservera la jouissance jusqu'en 1972, date à laquelle ils sont vendus à la Caisse de prévoyance des ouvriers du bâtiment. Puis, c'est le château lui-même, qui datait de la Renaissance et qui avait appartenu au duc de Choiseul-Praslin (dont j'ai parlé à une autre occasion ; cf Voltaire contrebandier 3ème partie)  qui est démoli pour réaliser une opération immobilière.

Cette zone pavillonnaire en bordure de la nationale 104 (bruit mais aussi accès facile en voiture), à proximlité de la forêt domaniale de l'Isle-Adam (emplacement plus valorisant que l'appartenance au Val d'Oise à peine moins décrié que le 9-3), suffisamment éloignée des cités populaires, ne demande qu'à se développer. Il ne subsiste plus rien de son passé glorieux, à la fois nobiliaire et prolétarien, si ce n'est des noms de rues qui n'évoquent sûrement plus rien aux habitants. Ils ont élu l'actuel président de la République avec 10 points de plus que la moyenne nationale. Les métallos CGT doivent en perdre le sommeil.

Google Map
Baillet en France. Voici ce qui a remplacé le château et son parc.

Enfin, des travaux devant être réalisés dans le parc, pour de nouvelles constructions de pavillons (bien différents de ceux de 1937 !), des fouilles préventives sont réalisées , notamment dans les 2 citernes qui sont les seuls vestiges en dur du château. Ces citernes étaient des équipements très appréciés au XVIIIème siècle car elles permettaient de conserver la glace nécessaire à la fabrication des sorbets. L'archéologue qui la fouilla dans l'espoir de trouver des vestiges anciens, fit une toute autre découverte, bien plus contemporaine.

 Le Géorgien et son cheval.


L'ouzbek



Pour l'heure, les fragments exhumés en 2009 sont toujours entreposés dans les réserves de l'établissement public chargé de l'archéologie et l'on ne connait pas leur éventuelle destination future.

Mais Baillet en France continue de perpétuer le souvenir de l’Exposition de 1937 pour une tout autre raison. Une raison, disons, diamétralement opposée. Il ne suffisait pas que les statues glorifiant l'URSS assistent impuissantes à l'internement des communistes par la République, qu'elles soient profanées puis brisées par les pétainistes. C'est jusque dans leur tombe glacée qu'on vint les narguer. En 1988, la statue de la Vierge à l'enfant de Roger de Villiers qui surmontait le clocher du pavillon des Etats pontificaux, après avoir été érigée à Amiens, élut domicile à Baillet en France au sein de la Congrégation des serviteurs de Jésus et Marie. Quand je découvris le nom de Baillet en France en lisant une notice sur le pavillon des Etats pontificaux, j'eus la confirmation que le Diable se loge dans les détails.

Ces vestiges de l'Exposition de 1937 ne sont pas les seuls. Un site très complet les recense (ainsi que celles d'expositions antérieures : http://vestiges-expositions.fr.gd/VESTIGES-1937.htm.

L'Exposition de 1937 fut, je l'ai dit en commençant, la dernière exposition organisée à Paris mais ce ne fut pas la dernière exposition. Je me souviens notamment de celle de Bruxelles en 1958 et de celle de Montréal en 1967, sans parler de celle de Shanghaï en 2010.

Personnellement, j'en ai visité deux. Je ne suis pas un fanatique, pas plus que Fred qui préférait de très loin se promener dans Paris et notamment à la Concorde, admirer les illuminations ou visiter le château de Versailles et son parc. 

La place de la Concorde photographiée par Fred en 1937.




 RMN (Musée d’Orsay) / © Hervé Lewandowski

En 1985, je suis allé au Japon pour un voyage d'études organisé par un organisme qui s'appelait assez pompeusement l'Institut Multimedia. Le Centre national du cinéma où je travaillais alors m'avait offert ce voyage en récompense pour un gros travail, que j'avais effectué avec d'autres comme rapporteur pour une étude commandée à Jean-Denis Bredin par le ministre de la Culture de l'époque afin de préciser les conditions de la création de chaines privées. La petite équipe de 5 personnes qu'avait réunie Bredin était très brillante (des membres du Conseil d'Etat et de l'Inspection des Finances), mais moins que le patron qui, lui, était éblouissant. Pour cela seul, je ne regrette pas ces 3 mois de dur labeur. Pourtant, comme souvent, notre travail  ne fut d'aucune utilité ; les Pouvoirs publics avaient leur solution, l'entrée de Berlusconi dans l'audiovisuel français ;  rien à voir, on s'en doute, avec le schéma que nous avions proposé. Mais le temps pressait pour ceux qui devaient se présenter aux élections l'année suivante.

Quoiqu'il en soit, ce fut l'occasion d'un voyage passionnant même s'il fut totalement improductif. Du point de vue de son objet, découvrir le fonctionnement des médias nippons, ce fut un désastre. Notre comportement de Français désinvoltes et rigolards indisposa immédiatement le premier grand patron que nous rencontrâmes et dès lors nous ne vîmes plus que des seconds couteaux. C'était le premier voyage au Japon organisé par l'Institut Multimedia, ce fut le dernier.

AmB mai 1985

Les 2 premiers jours, je fus anéanti par le spectacle qu'offrait la mégapole de Tokyo. Lors du  trajet  de 40 km en autocar  qu'il nous fallait subir pour atteindre  Tsukuba où se tenait l'Exposition, on ne sortait pas de la ville ; ces noeuds autoroutiers, ces auto-ponts à plusieurs étages, d'où l'on dominait les petites maisons qui subsistaient encore entre les gratte-ciels, offraient  la vision prémonitoire et cauchemardesque d'une Terre totalement urbanisée. Ensuite, passée cette première panique, je fus séduit par ce peuple ahurissant de Docteur Jekill et Mister Hyde, cadres cravatés ou étudiant(e)s en uniforme dans la journée et bambochards frénétiques le soir. Sans parler; bien sûr, de la beauté de Kyoto, de ses monastères et de ses jardins.

AmB mai 1985

AmB mai 1985
J'avais dû me plier à la demande de ces étudiantes.

AmB mai 1985

En 1985, on découvrait la puissance industrielle du Japon dans les technologies de la communication. On était ébahi par le mur d'images gigantesque construit par Sony, même si, aujourd'hui, sa très médiocre définition nous ferait sourire. On annonçait les écrans plats, la convergence entre la télévision et l'informatique, etc. La France essayait encore de trottiner derrière avec sa manie des plans inutiles et coûteux, les plans Bull ou câble, et avait construit un pavillon ambitieux.

AmB mai 1985
Le fameux écran Sony. 
Une caméra télécommandée ciblait le plus souvent les visiteurs qui le regardaient.

L'autre point fort de l'Exposition était la robotique. Le clou en était un robot musicien, d'apparence humaine ; il déchiffrait des partitions qu'il interprétait avec ses bras et ses jambes de métal. Une attraction totalement inutile selon la tradition de ces Expositions de carton-pâte qui mêlent la prouesse technologique et l'enfantillage.

AmB mai 1985
Le robot-musicien. Ma photo est vraiment mauvaise.

AmB mai 1985
Notre groupe . Il était suffisamment hétérogène pour offrir des surprises.
Devant moi, un passionné de petite vénerie, petit noble de Vendée, 
qui chassait le renard à pied, en courant.

AmB mai 1985
Il y avait un certain temps de latence entre la prise de vue et sa restitution sur l'écran.
Dans les 2 cas ci-dessus, c'est moi qui aie pris la photo.


Je m'étais laissé convaincre par ma compagne de l'époque d'aller à l'Exposition universelle  de Séville en 1992. Elle avait des entrées gratuites et la disposition d'un appartement. Et puis je ne connaissais pas Séville.

L'Exposition se voulait ambitieuse : l'Espagne, à peine sortie du franquisme (la tentative de putsch militaire date du 23 février 1981) voulait fêter de manière grandiose les 500 ans de la découverte de l'Amérique. Le comique, c'est que les "découverts" voulaient, eux aussi, organiser la célébration. On décide donc  d'organiser 2 expositions, l'une à Chicago, l'autre à Séville. Mais finalement, Chicago se désiste, laissant le champ libre à la vieille Europe.

AmB juillet 1992
Séville 1992

Je n'ai gardé aucun souvenir de l'Exposition, exception faite du bâtiment du pavillon français. Très beau bâtiment, le dernier que la France construisit pour une Exposition. J'ai sûrement pénétré à l'intérieur mais ma visite n'a laissé aucune trace dans mon cerveau. Cela ne m'étonne guère, le contenu devait être à l'image du contenant : une grande esplanade couverte sans rien à voir que les files de visiteurs et un intérieur tassé en fond d'édifice. J'ai pris malgré tout quelques photos mais, là comme ailleurs, j'ai préféré les bars à tapas et les petites ruelles de Séville.

AmB juillet 1992
Le pavillon français


AmB juillet 1992
Le pavillon français jouxte celui de la CEE.




AmB juillet 1992
AmB juillet 1992
Le pavillon de la CEE.


AmB juillet 1992
Le pavillon allemand, assez sensiblement différent de celui de 1937.






















AmB juillet 1992
Le bric à brac habituel des Expositions universelles : 
une fusée, un train sur coussin d'air, un pastiche d'habitat traditionnel, et un raton laveur.


Typique des Expositions : la confrontation archi-rebattue entre "tradition et modernité", le pavillon du Maroc et la navette spatiale américaine.


AmB juillet 1992
AmB juillet 1992

Vingt ans après l'Exposition de 1992,  la "modernisation"  à la mode Pompidou (de la Tour Montparnasse au Front de Seine, en passant heureusement par le TGV ou Airbus) est loin derrière nous ; aujourd’hui la France s'est vidée de ses usines comme le pavillon français de Séville s'est épuré jusqu'au néant pour ne conserver qu'une enveloppe ouverte à tous les vents de la mondialisation. Faut-il voir, dans les Expositions universelles des représentations involontaires de l'avenir, bien différentes du message qu'elles croient délivrer ?

Wikipedia
Ce qui reste de l'Exposition de 1992 (photo de 2007.



Fred avait beaucoup apprécié les illuminations de la Tour Eiffel : "Ce que j'admire le plus, ce sont les magnifiques perspectives que l'on a, soit depuis le Trocadéro avec comme fond, la Tour Eiffel, soit depuis le Palais de la Lumière, surtout la nuit, lorsque la Tour Eiffel est illuminée tout de vert, avec des faisceaux lumineux bleus, projetés depuis le Palais de la Lumière et qui convergent vers le sommet."

Nous qui connaissons la suite, nous y voyons des projecteurs de DCA, des bombardiers et des montagnes de victimes.

Wikipedia
Tableau de Freddy Monet pour l'Exposition de 1937

Vous pensez que j'exagère ? Voici une autre preuve : cette affiche de propagande à destination des Américains ne préfigure-t-elle pas la partition de la France en 1940 (et aussi sa libération de 1944)?

Aurait-on trouvé enfin une utilité aux Expositions universelles, celle de prédire l'avenir ?

4 commentaires:

  1. Encore une fois un très beau reportage ..
    J'ai 3 remarques à faire :
    La première : Le talent pour la photo se transmet probablement entre Oncle et Neveu car Vous êtes tous deux aussi doués !!!
    La deuxième : La première photo de Fred en N&B est tout simplement magnifique .. je ne sais pas si le numérique d'aujourd'hui est à la hauteur de l'argentique d'autrefois ..
    Enfin .. j'ai eu beau chercher .. je n'ai pas trouvé le raton laveur ????

    Au plaisir de vous lire prochainement cher Parrain

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  2. Chère Nathalie,
    Je réponds sérieusement à une remarque qui est peut-être une plaisanterie pour se moquer d'un ancêtre ! "et un raton laveur" est une expression devenue proverbiale pour souligner le caractère hétéroclite d'une énumération.
    cette expression vient d'un poème de Jacques Prévert, Inventaire :
    "Une pierre
    deux maisons
    trois ruines
    quatre fossoyeurs
    un jardin
    des fleurs
    un raton laveur

    une douzaine d'huîtres un citron un pain
    un rayon de soleil
    une lame de fond
    six musiciens
    une porte avec son paillasson
    un monsieur décoré de la légion d'honneur
    un autre raton laveur"
    Les frères Jacques, que ma mère aimait beaucoup en ont fait une chanson (musique de Joseph Kosma) que j'ai souvent entendue dans mon enfance.
    On peut dire aussi "un inventaire à la Prévert" pour signifier la même chose.

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  3. André Michel,
    c'est bien joli de marquer le nom de mon site, mais, avec toutes les photos que vous y avez prises, vous auriez rempli votre site de crédits. les photos en URSS m'ont gentiment été prêtées par Anton Bellistky. Beaucoup proviennent de ma collection particulière, et les trois où vous mettez le crédit de mon site sont de moi. Ça aurait été sympatique de me demander.
    Sylvain Ageorges, photographe;

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  4. Cher Monsieur,
    Vous avez raison. J'ai été quelque peu négligent dans mon légendage. J'espère, cette fois-ci, avoir rendu à Sylvain Ageorges ce qui est à Sylvain Ageorges.
    Comme je l'ai déjà indiqué, j'ai beaucoup emprunté à son très intéressant site sur les expositions universelles afin de compléter le récit et les photos de mon oncle. Je l'en remercie et je conseille vivement d'aller consulter son site personnel, site du photographe professionnel qu'il est: http://www.ageorges.com, avec notamment des photos de Paris superbes.

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