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mercredi 7 mars 2012

Mardi noir.

Ce devait être un Super Tuesday. Ce fut un mardi triste et gris, pour ne pas dire, noir. Un mardi noir comme il y eut un Jeudi noir ou un Vendredi noir. Je suppose que tous les jours de la semaine ont pu recevoir ce qualificatif. L'imagination des dieux et des hommes pour pourrir la vie, la leur tout autant que celle des autres,  est infinie.

Raison de plus pour évoquer les jours heureux, les jours ensoleillés, les jours où tout semblait simple, orienté vers du plus. Prenons, par exemple, cette fin d'après-midi du 24 février. Qu'a-telle de remarquable, si ce n'est de succéder au 23 février ? Mais c'est justement un titre de gloire suffisant. il y a des jours qui se suivent et qui se ressemblent ; des jours qui se suivent et ne se ressemblent pas, au point qu'on se dit qu'ils ne devraient pas se suivre. 

Ma petite ménagerie parisienne habituelle se livre à des activités assez rituelles, assez banales. Mais qui n’envierait leur banalité ?

Le monde sublunaire est surveillé par cette figure de Janus, tracée par des corbeaux dont on connait l'intelligence et la sagesse. Ils n'ont pas peur de s'afficher ainsi, au vu et au su de tout le monde.


Un peu plus loin, la pie solitaire surveille l''horizon depuis le cèdre séculaire qui abrite mensuellement les agapes bien sages des amis du Cèdre.On a envie de caresser son doux poitrail, rêvant qu'elle fera semblant de ne s'apercevoir de rien pour nous laisser continuer. Mais, c'est un rêve, avant même que la main ne s'approche, la voilà partie.


Dans le monde sublunaire, donc, celui de l'étang, c'est la folie de l'amour qui empoignent chacun. Tous s'y adonnent, semble-t-l, sans la moindre retenue, ni la moindre distance.

Ce trio, une femelle, 2 mâles, tournicotent sans relâche. Il s'agit d'éliminer un des mâles. Pas facile. Le ballet semble tellement bien réglé qu'on l'imagine orchestré. Par la cane ? Drôle d'idée.


Comment distinguer le mari du prétendant ? Je propose une interprétation, sous toute réserve. Il me semble que le mari est celui-ci. De telles pattes ne peuvent être que des pattes de mari.


Puis on atterrit, pour continuer cette confrontation sur l'eau.


Je n'ai pas suivi car je trouve ces histoires trop tristes. N'ai-je pas vu un canard chercher à faire tomber de sa monture, la jolie petite cane, un canard déjà installé, peut-être depuis de nombreuses années ?

Voici un autre trio. Comme toujours, les mecs pensent qu'ils mènent la danse. Je suis plutôt sûr du contraire.


Même sans tiers importun, la scène qui suit reste marquée par la violence. La cane s'épuise à fuir le prétendant. Est-ce un jeu, un simulacre de violence, ou bien une lutte acharnée dont on ne connait pas l'issue à l'avance ?

Il a loupé son coup cette fois-ci.


Nouvelle tentative ratée.




C'est un peu mieux réussi cette fois-ci.


Finalement, ça se termine en bagarre entre mecs.



Mais madame semble, elle-aussi, crier victoire. Pauvre et triste victoire de se retrouver seul, chacun de son côté.




Alors qu'un couple, nouveau ou ancien, je ne sais, c'est si beau. Ces 2-là viennent d'horizons bien différents. Pourtant, ils convergent avec détermination et la douce femelle semble chercher, jusque dans un reflet de l'eau, l'image de son bien-aimé.



En ce 24 février, les cygnes ont abandonné leurs postures hiératiques pour se livrer à des courses endiablées, bien au dessus des arbres. Ils enchaînent les tours à grande vitesse et haute altitude, avant de se poser, un rien agressifs, comme pour dire que les choses sérieuses peuvent commencer.



En contre-jour, le cygne devient presque diaphane.





Beauté et simplicité du geste. En revanche,les 3 photos qui suivent montrent un monde chaotique, où les cygnes, loin de s'accorder, semblent rechercher l'affrontement, la collision. J'ai d'ailleurs songé, en les voyant, au fiasco de l'intervention américaine pour délivrer leurs compatriotes pris en otages : les hélicoptères s'état percutés entre eux, en plein désert du Lout (cf. Le tour du désert du Lout).






Je préfère, chez les cygnes, leurs poses romantiques.



Je ne parlerai pas des bernaches, toujours aussi bêtement agressives. Bêtes comme une oie, l'expression est juste. Si belles et si bêtes.





Je ne ferai qu'évoquer les foulques, bien petits au milieu de ces grosses bêtes. Mais ils sont rapides, rusés et déterminés et ils arrivent à dérober aux gros une partie de leurr pitance.



Sa pointe de vitesse, son énergie lui ont permis d'échapper aux autres prédateurs aquatiques. Mais, on le surveille des airs. La vitesse sur l'eau ne sert de rien dans ce combat aéro-naval.





Le temps passe. Le temps finit toujours par passer. Apporte-t-il la paix des morts ou l’ivresse des joies retrouvées ? Dans notre petit monde de l'étang, il suscite d'abord de la beauté, la beauté des lumières.

Un reflet, c'est beau.


Mais, deux reflets qui se rejoignent.....


...pour envahir progressivement toute la surface du monde visible, n'est-ce pas encore plus beau.


Notre couple, alors, entre dans un autre monde où tout est partagé, celui de l'or liquide de la lumière totale.


Ils pourront alors affronter la nuit, ses séparations, ses inquiétudes et ses doutes, lorsque tout bascule, le haut, le bas, le masculin, le féminin, le jeune, le vieux.




Aussi, lorsque la, nuit est-elle définitivement tombée, ils savent comment poursuivre leur chemin, droit devant eux, sans se soucier du quart comme du tiers, bien convaincus que quand on a la chance de s'être trouvés, il serait immoral de se perdre.


Nous voila bien loin des bernaches, qui, loin de se recueillir pour trouver en elles-mêmes des raisons d’espérer et d'aimer, ne cessent de se poursuivre dans une agitation stérile.




Les mouettes, pense-t-on, doivent être de la même veine. Rien de moins mystique qu'une mouette, cet animal grégaire, jamais en repos.




C'est oublier pourtant que la mouette vole aussi, solitaire et concentrée, entre le monde d'en bas et l'univers d'en haut, effleurée par la caresse du soleil finissant.












Les foulques, aussi, participent,à leur manière, de cette splendeur.





Mais, c'est au cygne que je veux laisser le dernier mot en cette journée encore bénie du 24  février.




Dans un dernier effort pour lutter comme l'anéantissement, le ciel se pare d'une magnifique couleur violine.



Et puis, c'est la fin.




Les lumières de la ville, jamais bien lointaine, se sont substituées à celles du ciel.



De quoi demain sera  fait ?


Mardi noir ou lendemains qui chantent ?

Dans le lointain, à peine distinctes, des lignes de croisent, des liens se retissent. Ils sont la promesse d'un autre jour, d'une renaissance.


2 commentaires:

  1. Superbes photos, et magnifiques observations ornithologiques. Bravo, et merci...

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  2. Nous voudrions etre avec eux sur l'eau et dans l'air au lieu de piétiner dans notre pesanteur.

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