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jeudi 18 août 2016

Le torrent a gagné !

Si l'on veut un équivalent de la foule italienne dans les Cinqueterre fin juin (voir http://www.leschroniquesdemichelb.com/2016/07/noir-de-monde-blanc-de-marbre.html), on peut aller dans le Mercantour à la mi-août. Mon projet initial, aussi chimérique que la descente dans les Cinqueterre : monter aux Lacs de Vens. La longue ligne de voitures stationnées en bordure de la route suffirait à dissuader n'importe qui. A fortiori, un habitué de ces montagnes hors saison.

Heureusement, il y a un peu plus loin dans la vallée de la Tinée une joile ballade peu fréquentée car elle ne correspond pas à ce que chaque promeneur a dans la tête quand il part dans le Mercantour : la ballade commence par une descente, puis c'est un long plateau légèrement incliné jusqu'à des altitudes modestes vers 2500 m. Pour le marcheur habituel, on part d'un point bas, on monte à un point haut, sommet ou lac, puis on redescend. C'est simple et reposant pour l'esprit. Pour l'esprit et pour le corps, car il est désagréable de terminer sa ballade par une remontée. Voilà pourquoi, à mon avis, on rencontre peu de monde sur ce trajet, mêrme en plein été.

Ce 16 août, j'ai une autre raison d'aller dans ce coin : vérifier si la grange que j'avais vu en équilibre instable, 6 ans plus tôt, tient toujours tête au torrent qu'elle surplombait. Lors de cette ballade, racontée dans un précédent post (http://www.leschroniquesdemichelb.com/2010/10/pas-de-loup.html), on était déjà rentré dans l'hiver et j'avais fini dans la neige ma montée jusqu'à la frontière italienne, au col de Pouriac.

Le Salso Moreno le 20 octobre 2010.
Au fond à gauche, le col de Pouriac.

La grange était déjà mal en point. J'écrivais alors qu'elle "ne passerait pas l'hiver".


Une partie de la structure avait commencé à s'incliner dangereusement vers le lit du torrent, la plupart du temps à sec mais que l'on imagine pouvoir être dévastateur dans ses moments de folie.


En ce jour d'août 2016, la vue sur le Saso Moreno est toute différente et moins spectaculaire, dans une monochronie apparente de vert et de brun.



Je ne suis mêm pas au bout de la descente que je constate déjà la triste disparition de la jolie grange.

A gauche, le Rocher des Trois Evêques (2868m)


On pourrait prendre les restes des murs de la grange pour une clôture de parc à moutons.

Mais foin de nostalgie ! Le paysage alentour est magnifique, vaste, changeant avec les nuages qui en animent les contours.





 Par endroits, là où l'eau s'accumule, pousse une herbe très verte qu'on dirait cultivée.

A droite, la Tête de l'Enchestraye (2954 m)

Des panneaux expliquent, au sommet du col de départ, le col des Fourches, la diversité géologique du lieu. On n'est pas sensible tout de suite à cette palette de couleurs. Il faut regarder les détails, comme dans ce petit ruisseau. J'ai regretté au retour de ne pas avoir photographié toutes ces pierres multicolores, veinées de vert ou de brun, qu'on rencontre partout.


La plupart des fleurs se sont fanées mais celles qui résistent n'en sont que plus attrayantes.



Parterre d'épilobes

Les colchiques rappellent que l'automne se profile déjà, passé le 15 août.



Partout des petits ruisseaux...


... et parfois une mare, avec ses grenouilles, adultes ou minuscules.



Celle-ci croise bizarrement ses pattes arrière.



Puis elle les décroise vivement pour un saut immense loin des trouble-fêtes que nous sommes.

Le top de l'endroit, ce ne sont pas les petites mares, mais les lacs de Morgon qui ont l'énorme avantage d'être bizarrement délaissés par les touristes.





Pourtant, ce que je retiens de cette ballade, ce ne sont pas ces paysages solitaires, mais la nombreuse troupe de marmottes qu'on a pu observer. J'ai naturellement regretté ma paresse qui m'avait fait troquer mon reflex et son téléobjectif pour un léger compact, performant sans doute, mais sans téléobjectif.

Hereusement, les marmottes se laissent approcher, parfois jusqu'à 3,4 mètres. Elles sont parfois si obnubilées par la tâche vitale de se nourrir constamment avant la longue hibernation qui les attend dans 2,3 mois, qu'elles continuent de manger tout en s'éloignant tranquillement.



Celle-ci n'était pas trop craintive, car elle prenait le soleil juste au bord de son trou où elle finit par se réfugier, pendant que juste à côté sa camarade de jeu surveillait les alentours dans une immobilité totale qui la rendait presque invisible.



Celle-ci m'a laissé approcher tout près.



... contrairement à cette maman qu'un de ses petits lutine : elle l'a fait filer avant de disparaître elle-même. Ma photo n'est pas terrible, même si elle me touche par la scène qu'elle évoque plus qu'elle ne montre.


Le gag, c'est que dès que je m'approchais, j'avais de la peine à viser ma cible que je ne voyais pas sur l'écran du compact. Quelle galère ces appareils sans viseur ! J'ai toute une série remplie d'herbe alors que mon modèle était tout proche.

En revanche, les scènes familiales, si touchantes, ne pouvaient être photographiées que de loin, les mères veillant à la sécurité des petits, si maigres encore qu'on se demande comment ils allaient pouvoir, eux aussi, "passer l'hiver". Ils ont été conçus dans les 15 jours qui suivent le fin de l'hibernation de leurs parents. Nés courant mai, un mois après, avec leur 3 ou 4 frères et soeurs, ils sortent du terrier vers la mi-juin. Tous ces jeunes n'ont donc que 2 mois de vie au grand air. Pas de temps à perdre pour grandir, grossir et jouer avant le grand sommel ! (informations tirées de https://projetmarmottealpine.org/rencontre-marmottes/reproduction/)

Dans ce groupe, la mère est attentive et immobile, même si les petits prennent, comme des grands, la pose du guetteur.


Elle a raison de ne pas leur faire totalement confinance. Ils n'oublient pas de jouer entre eux, malgré le salopard qui s'approche à pas de loup.


Et quand le salopard s'approche trop, elles appellent leur progéniture depuis le bord du terrier,comme celle-ci qui s'est brusquement dressée en poussant un seul cri puis en s'immobilisant totalement.




Nous sommes restés longtemps dans ce paradis des marmottes où je reviendrai avec un meilleur matériel pour ne plus vous imposer ces images approximatives. Je ne compte pas toutes les photos que je n'ai pu prendre, comme ces 2 jeunes mâles chamois se tirant la bourre en pleine montée ou surtout cette hermine, à la fois craintive et curieuse. Elle nous est partie dans les pieds, se faufilant entre les pierres, puis surgissant en nous fixant une seconde de sa petite tête insolente, oreilles dressées et babines retroussées comme en un rictus ironique, puis disparaissant pour reparaître un peu plus loin. Elle avait un dos fauve, magnifique et le ventre tout blanc. 

Cette journée fut d'ailleurs riche en rencontres, comme ce sanglier broutant paisiblement dans un champ au bord de la route, une route qu'un lièvre traversa comme une flèche devant le capot de la voiture. Vive le Mercantout, ses habitants à 2 ou 4 pattes, et.... sa boulangerie de Saint Sauveur de Tinée.


J'oubliais une dernière nouvelle, après celle de la chute de la maison de bois : 2 maisons du camp des Fourches sont en cours de restauration, sans doute celles qui abritent les fresques de nos fiers chasseurs alpins. Aussi ne peut-on plus les voir pour l'instant alors qu'elles étaient libres d'accès il y a 6 ans. Cf le post déjà cité, A pas de loup.


Vue générale vers le sud depuis le Col de la Bonnette

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