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jeudi 21 mars 2019

Nice, quelques instants volés à la beauté du monde





Sur le marché du Cours Saleya, c'est l'heure de la pause.


Quelques curieux, fatigué de devoir attendre qu'une place en terrasse se libère, continuent d'arpenter, l'air de rien ou, au contraire, l'émerveillement au fond des yeux, les allées sombres de ce bric à brac quotidien.






Certains marchands continuent de s'affairer, mais ils sont rares.





La plupart en profitent pour déjeuner rapidement. Souvent seuls, mélancoliques ou simplement désœuvrés, mais l’œil vif pour surveiller leur étal.







D'autres enfin discutent. Leurs mains dessinent des objets, ils racontent les occasions manqués et les bonnes affaires.




Sur la Prom', comme disent les Niçois, on se promène justement et si tous ne sont pas Anglais, le défilé des promeneurs raconte la diversité du monde.




Dans ce groupe dont je ne puis repérer la nationalité, les femmes sont habillées à l'occidentale.

L'internationale musulmane 






L'élégance stricte côtoie le négligé ou l'étrange






Le temps d'un instant on s'installe comme au cinéma devant le spectacle de la mer.


D'autres, insensibles au plaisir de la contemplation partagée, préfèrent s'isoler.



Sur la plage, des groupes de jeunes paressent au soleil. On se prend en photo, on regarde ses messages. Il est rare (mais cela existe) de voir quelqu'un sans son téléphone à la main. Mais, c'est vrai qu'ils sont si beaux. Pourquoi ne pas immortaliser ce moment qu'ils ne savent pas encore fugace.
















Une couleur pour chaque ongle



Une concurrente, à l'affût de la belle image.

Au-dessus de ce petit monde, planent les goélands. 




Quelle curieuse espèce où les jeunes sont plus gros que les adultes, où les adultes sont plus beaux que les jeunes ! Les jeunes ont le dessus des ailes gris / marron, aux diaprures aussi complexes que celles d'un rapace, un bec sombre comme s'il l'avait plongé dans du goudron, tandis que les adultes ont des ailes d'un gris élégant, un cou d'un blanc immaculé, avec un bec bien jaune, décoré d'une pastille rouge qu'on dirait ramené de quelque pèlerinage. Tous ont l’œil bien maquillé d'un liseré rouge.





Mais les jeunes restent des jeunes. Ils jouent à se poursuivre deux à deux.




Ils multiplient les cabrioles et les acrobaties, vifs comme l'éclair.







Au contraire, les adultes ont la componction de leur âge (sauf quand ils crient comme des poissonnières, ce qu'ils sont, après tout). Ils adorent prendre la pose.




Au-dessus de toutes ces vies, humaines ou animales, qui se croisent sans jamais se rencontrer, c'est le monde des machines. Jets privés, avions d'affaires ou de ligne ne cessent de longer la baie en direction de l'aéroport car, en ce jour de mistral, on se pose et on décolle face à l'ouest. 

Il est vrai que même dans le monde sub-lunaire les machines s'insinuent peu à peu. Voici que vient l'ère des drones, ces petits bourdons que les goélands ignorent d'ailleurs superbement.



Que voit-il de nous ? Le vrai spectacle, il faut le contempler de bien plus haut. Heureux les passagers assis au côté droit des appareils. Ils voient défiler la ville à basse altitude, ses clochers aux tuiles vernissées, sur fond de montagnes enneigées.

Ce bizarre insecte, bizarre et laid, est un avion d'affaires, le Piaggio P180.



Comment imaginer qu'un engin aussi biscornu soit efficace. N'associe-t-on pas spontanément l'efficacité à la pureté des lignes ? Pourtant cet avion est le plus rapide des avions à hélices, aussi rapide qu'un jet, tout en consommant beaucoup moins. Celui-ci vient de Rome. Il a fait l'aller-retour Nice - Rome ce matin. Hier, il était dans les Midlands, avant hier à Düsseldorf. 

Cet Airbus A 320 de British Airways est quand même plus élégant.


C'est son 3ème voyage de la journée. Il est parti ce matin à 6 h 30 d’Édimbourg, a fait escale à Londres avant d'emmener tout son petit monde à Nice. Il va repartir pour Londres, puis finir la journée par une rotation Londres - Glasgow. Hier ses périples avaient été plus variés, car il avait atterri à Milan et à Kiev.

Nous voilà bien loin de la douce quiétude de ce moment suspendu qu'est le temps d'un déjeuner à Nice. Mais peut-on en vouloir à tous ces gens qui convergent vers nous, pressés de retrouver toutes ces beautés mélangées, où le laid cède la place au pittoresque, la violence au farniente. Pour un temps. N'est-ce pas si mal  qui'existent de tels intermèdes, de tels espaces, peut-être artificiels, mais si charmants ? Le réel reprendra bien assez tôt tous ses droits.


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