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vendredi 25 février 2022

Deux petits tours dans la Camargue hivernale

 

Le long de la Digue de mer. Au loin, le phare de la Gacholle.

Toujours la Gacholle, mais vu depuis le Beauduc


On devine au fond les grues de Fos et même le point lumineux d'une torchère :
comme le rappel de la menace qui pèse sur ce petit morceau de vie sauvage.

Bateau de pèche à l'ancre dans le golfe de Beauduc.

Ce jour de février, le mistral souffle sauvagement.


Les flamands roses semblent indifférents, ils essaient, toutefois, d'offrir le moins de prise possible au vent furieux. 


Exceptés quelques courageux, ils attendent un moment plus favorable pour continuer de filtrer l'eau avec leur gros bec en forme de galoche inversée.


Quand on se tourne vers l'ouest, le reflet du soleil sur l'eau blanchie par le vent transforme la scène la plus colorée en un paysage d'ombres chinoises en noir et blanc.





Quand on se tourne vers l'ouest, le reflet du soleil sur l'eau blanchie par le vent transforme la scène la plus colorée en un paysage d'ombres chinoises en noir et blanc.






La Camargue n'a pas encore accueilli les premières migrations de printemps. On est entre soi, un petit entre soi. Les flamands roses bien sûr, dont on ne se lasse pas, avec ce mélange d'élégance fragile des pattes, de puissance incroyable des ailes et cet air godiche de leur grosse tête emmanchée sur un long cou noueux.




On pourrait assister sans fin à leur laborieux décollage. Une longue lancée pédestre qui semble ne jamais devoir finir et puis, comme un miracle, l'envol.




Un moment, l'élégante silhouette semble difforme, avec ce long corps partagé en deux parties égales par des ailes curieusement fichés au milieu, tête et cou, d'un côté, longues pattes de l'autre. Comme un avion qu'on aurait jamais oser dessiner.




Puis, ils ne sont plus que des signes, signes de l'alphabet morse parfois, comme ici où ils dessinent la lettre K (une longue, une brève, une longue)...


... ou bien, haut dans le ciel,  signes cabalistiques d'un message indéchiffrable, promesse de beauté éternelle.




Autres habitants permanents, les goélands et les mouettes, rieuses ou non.


L'aigrette garzette


J'ai vu peu d'aigrettes garzettes, d'autres fois si nombreuses. 







Celle-ci, au débouché d'un canal d'eau douce qui se jette dans la mer, se goinfre de petits poissons. Une seconde, à peine, d'observation, une brusque projection du cou, et déjà un poisson dans le bec, tout juste pris et déjà avalé. Et la séquence recommence.


La gorge se gonfle au moment d'avaler.



Plus loin du rivage, au dessus d'un champ bordant le Petit Rhône, j'ai trouvé un faucon crécerelle en pleine chasse, un oiseau de proie que je n'avais jamais aperçu en ces lieux, si facilement reconnaissable avec son épuisant vol stationnaire. D'habitude, le rapace du coin, c'est le busard des roseaux, mais je n'en ai pas trouvé cette fois-ci. Le petit faucon disparaissait assez vite mais revenait peu de temps après. On était vraiment au milieu de son terrain de chasse préféré et il n'arrivait pas à se résoudre à le quitter.




Un coup d'œil vers moi et il disparait





La vraie découverte de cette visite, c'est le chevalier gambette, un joli petit échassier migrateur qui vient passer ses hivers ici. Ce que j'ai lu de lui le rend, de plus, particulièrement sympathique. Comme beaucoup d'oiseaux, les chevaliers gambettes forment des couples monogames et stables, mais ils vont loin dans la coopération. Ils construisent le nid à deux, monsieur, la structure, madame, le capitonnage douillet de l'intérieur. Ils se relaient pour couver les œufs puis nourrir les petits, mais la femelle quitte le nid la première. Le mâle reste à surveiller les oisillons pendant un mois supplémentaire et ne part que quand il est pleinement rassuré sur la capacité des petits à survivre par leurs propres moyens.


Le voici à côté d'une mouette, afin de prendre la mesure de sa taille.


Il est facilement identifiable avec son anneau rouge orangé à la base du bec.






J'avais déjà vu et photographié des bécasseaux sanderling, mais jamais en aussi grand nombre. Ils forment par endroits de véritables bandes qui fouillent sans cesse le sable à la recherche de leur pitance. Pas étonnant qu'ils soient si dodus. Puis, brusquement affairés, ils courent à petits pas pressés.






Dodus, peut-être, mais vifs et particulièrement difficiles à photographier.



Je n'oublie pas, non plus, que la Camargue est une terre d'élevage. Dans ce grand champ, taureaux, grands et petits, coexistent avec des chevaux, grands et petits. La plupart du temps, chacun vit de son côté, mais de temps en temps, on se mélange, le temps d'un déjeuner de carottes (des tonnes de carottes leur sont apportés par tombereau !). Les taureaux sont moins curieux et moins expressifs. Heureusement, qu'il y a les veaux qui nouent, entre eux, de vrais amitiés.








Chez les chevaux, l'affection est encore plus évidente. Les poulains s'embrassent, se pincent, se câlinent.


Un temps, ils se reposent, tête contre tête, le regard perdu dans une douce rêverie. 

Puis les jeux reprennent de plus belle, dans l'indifférence totale des adultes.









Le soir, le vent tombe et la Camargue retrouve l'immobilité paisible d'une nature que l'homme ne trouble plus, offrant l'image (fausse, j'en conviens, pour tous ceux qui servent de nourriture aux autres) d'un paradis de rêve.






FIN


















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