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samedi 12 février 2011

Barefoot hivernal

Vous me direz, ce n'est pas la saison du ski nautique, encore moins du barefoot, le ski nautique pieds nus.. Et pourtant, à 300m de chez moi, c'est un sport qui se pratique quotidiennement, même lorsqu'il fait moins beau que ce jour-là où j'ai pu admirer quelques champions de la discipline. 


Il faut dire que pour certains de ces athlètes les saisons sont en train de disparaître ; de nomades, ils deviennent sédentaires, chaque année plus nombreux.

L'oie bernache du Canada, par exemple, appelée aussi outarde, a été importée du Canada au XVIIIème siècle par des Anglais amoureux de ce superbe oiseau. De là, elle aurait émigré sur le continent, navigant entre la Scandinavie l'été, et l'Espagne l'hiver. La région parisienne offrait, avec ses étangs, une étape sur le trajet. Je me souviens en avoir vu passer souvent au dessus de la maison, dans un piaillement assourdissant. A cause ds arbres qui entourent les étangs, elles sont obligées de tourner en cercle pour prendre de l'altitude et filer, suivant le cas, vers le nord ou vers le sud. Un groupe d'une vingtaine d'individus m'a encore réveillé à la fin de l'automne.



Mais depuis 3,4 ans, plusieurs bernaches restent toute l'année sur mon étang et elles sont de plus en plus nombreuses. Plus d'une dizaine actuellement : un groupe de 6 à 8 individus, se déplaçant généralement deux par deux comme des élèves se rendant à la piscine ; parfois, elles se déplacent aussi en file indienne, bien alignées.



Et puis, un couple qui se tient toujours à l'écart mais facilement reconnaissable car les 2 concubins ne cessent de se disputer bruyamment ; ou plutôt, le mâle ne cesse de houspiller sa femelle qui semble, pourtant, lui obéir servilement.  On dit que les bernaches forment des couples monogames pour la vie. On se demande si ces 2 là ne devraient pas envisager le divorce.




A les voir marcher à pas lourds sur l'herbe ou nager paisiblement  dans l'attente du pain rassis qu'ils reçoivent quotidiennement, on n'imagine pas que ce sont de redoutables avions.



Voici mon couple infernal qui amorce un large virage pour finalement foncer droit sur moi.




 La femelle a déjà sorti ses palmes pour se freiner car elle craint de rattraper son seigneur et maître dont le caractère, on s'en apercevra, est épouvantable.


Ils vont sortir le train d'atterrissage et se freiner sur l'eau qu'ils effleurent de leur palmes comme un hydravion.. Ski nautique !

 Le train d'atterrissage du leader est sorti. Dernier virage sur l'aile.

 Barefooting !

 Amerrissage en douceur pour rentrer dans l'ombre des arbres

Et déjà le mâle crie en se rapprochant de la femelle.



La phase de ski nautique, cette fois-ci n'a pas été très longue. Pour ne pas percuter le rivage, le couple infernal a dût freiner brutalement toutes ailes déployées, comme pour atterrir sur un pont de porte-avions.

Mais voici une autre séance, vue de profil, sans obstacle devant. Les compétiteurs s'amusent visiblement de cette glissade. Ce matin, le groupe se livre à une toilette soigneuse, à l'autre bout de l'étang.


Brusquement, l'une d'entre elles se dresse, déploie ses ailes et démarre sans que rien ne laisse prévoir ce départ soudain. Je loupe donc le départ du premier couple, mais je suis prêt pour le 2ème.

 Formation groupée impeccable. Il faut de la discipline pour ne pas se percuter.

Le mâle prend un peu d'avance dans une attitude particulièrement aérodynamique.

 ça y est, il commence à freiner en glissant.

 La femelle continue de se propulser en avant à grands coups d'aile.
Est-ce bien raisonnable ? 

 Enfin ! elle freine aussi dans le sillage de son homme.
Les voici totalement synchronisés, comme dans un ballet aquatique.
Sont-ils sensibles à la beauté du geste ?

 La femelle se rapproche dangereusement malgré un freinage appuyé.
On l'avait bien dit, elle a commencé la phase "ski nautique" trop tard.
Peut-être pour justement synchroniser ses gestes avec ceux du mâle ?


 Le  couple suivant évite de peu le premier...

 ... et manque se faire percuter par le 3ème.


Puis tout le monde reprend sa promenade paisible mais derrière l'apparente décontraction, on repère le souci de respecter un ordre immuable.



Leur arrivée bruyante a dérangé 2 couples de col vert qui s'envolent loin de tout ce vacarme et  de toute cette agitation. Rien ne semble distinguer ces 2 couples de canard. Pourtant, si l'on veut bien observer, on perçoit des différences individuelles tout aussi marquées que chez les humains.

Voici le 1er couple. Il part vers l'ouest sous le regard que j'imagine amusé, pour des raisons que l'on va comprendre très vite, de l'autre couple.



 Très vite, la femelle replie le train d'atterrissage.

 Le mâle n'en fait rien.

 Quel ridicule de laisser pendre ainsi ses pattes derrière soi. Il me fait penser à un homme qui avancerait les bras pendant à terre, immobiles, comme des appendices inutiles.

Pas étonnant qu'il peine à la suivre ! Mais que fait-elle avec un manche pareil.

Pour l'autre couple, c'est une toute autre affaire. Quel style, quelle efficacité, même si, je suis peut-être de parti pris, je trouve que la femelle déploie un style encore plus élégant, dans une sorte de recherche du geste parfait.



L'indifférence du cormoran me semble tout à fait injustifiée.



 Le mâle se rapproche, il est, lui aussi, parfaitement profilé.

 L'amerrissage est proche.

 La manœuvre réclame une certaine attention. 
Madame n'en reste pas moins coquette et nous offre une pudique vision de son panty.



Sur le rivage, les bernaches admirent la performance avec l'œil du professionnel. Entre championnes du barefoot, il n'y a pas de raison de ménager son admiration ! On n'est pas des amateurs envieux. On sait reconnaitre le talent.


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